La « Barack Care » adoptée : chance historique pour les Américains

Posté par Jérôme Larché le 2 juillet 2012

La validation constitutionnelle, ce jeudi 28 juin 2012, du cœur du Patient Protection and Affordable Care Act – la fameuse loi « Obama Care » -, par la Cour Suprême des Etats-Unis, marque un tournant historique pour la santé de millions d’Américains et constitue une importante victoire politique pour le Président Obama. Mais il s’agit d’encore plus que cela…

 

Le « bond en avant » sanitaire d’Obama

Depuis 2 ans, une véritable guerre de tranchées politico-juridique s’était  déclenchée entre démocrates et républicains, quant à l’adoption de cette loi visant à obliger chaque Américain à prendre une assurance santé, même minimale, et à imposer aux Etats d’étendre individuellement le système Medicaid, y compris aux plus démunis. Au-delà des multiples aspects techniques d’un texte législatif comportant 2700 pages, il s’agissait d’un véritable combat sur une valeur centrale pour les Américains, celle de la responsabilité individuelle. Vue d’Europe, et particulièrement de France, où le système de santé est essentiellement basé sur un principe de solidarité collective et de justice redistributive, la situation sanitaire des Etats-Unis paraissait incompréhensible. Et inacceptable.

Les technologies médicales et scientifiques de pointe présentes dans les grands hôpitaux américains côtoyaient (et côtoient encore) une misère radicale et une absence d’accès aux soins, que n’ont rien à lui envier les pays aux indices de développement humain les plus bas, comme la République Démocratique du Congo, la Centrafrique, le Niger ou l’Afghanistan. Dans un pays où 32 millions d’Américains sont encore dépourvus de toute protection sociale, les taux de mortalité infantile (indice généralement corrélé à l’état sanitaire d’un pays) du Bronx étaient considérés, par exemple, comme équivalents à ceux de l’Ouganda… Le courage d’Obama de s’attaquer à cet enjeu, et gagner un combat politique mobilisant des valeurs ancrées puissamment dans la conscience collective américaine, est vraiment à souligner. Dans cette lutte contre l’inégalité sanitaire, aux conséquences sociétales et économiques si désastreuses, la solidarité a fini par l’emporter sur la seule responsabilité individuelle, défendue farouchement, et égoïstement, par les républicains.

Le verdict de la Cour Suprême : l’intérêt supérieur comme sens du devoir ?

La Cour Suprême des Etats-Unis, composée de 9 juges, a donc tranché de justesse, ce jeudi 28 juin 2012, en faveur des démocrates (5 voix contre 4). avait donc  à répondre à plusieurs points cruciaux qui constituaient le cadre juridique mais aussi politique du Patient Protection and Affordable Care Act.

Tout d’abord, le Congrès américain avait-il le pouvoir constitutionnel d’imposer que chaque américain doive adhérer à une assurance de santé, sous peine de se voir infliger une sanction financière? A cette question sur la provision d’une « couverture santé minimale » pour chacun, la Cour Suprême a répondu positivement. Une réponse contraire aurait en fait mutilé et fragilisé considérablement l’ambitieux projet de Barack Obama . Le deuxième point crucial était ce que devenait le texte dès lors qu’une réponse négative aurait été faite au premier point (la question ne se pose finalement – et heureusement – pas). Le troisième élément, sur lequel Barack Obama n’a obtenu qu’une réponse positive partielle, concernait l’expansion coercitive de Medicaid dans tous les Etats. En effet, la Cour n’a pas autorisé une autre disposition de la loi qui aurait permis l’élargissement de la couverture médicale aux plus démunis, soit 16 millions d’américains, répondant ainsi à la demande de 26 Etats républicains. L’Etat fédéral peut donc augmenter les fonds des Etats souhaitant participer à ce programme, mais ne peut pas retirer aux Etats refusant de l’appliquer l’argent dont ils bénéficiaient déjà dans le cadre de Medicaid. Enfin, cette nouvelle loi, censée être mis en œuvre dès 2014, ne devrait pas non plus être resoumise à la Cour Suprême pour des questions de validation constitutionnelle.

Au final, cette décision, dont le secret était un des mieux gardés de Washington, constitue pour le Président Obama une victoire politique indéniable. Victoire politique dans l’instant, à cinq mois des élections présidentielles, et qui confirme aussi bien sa ténacité que son sens de la stratégie. Mais surtout une victoire politique sur le long terme, car l’Histoire devrait retenir qu’il a été le premier Président des Etats-Unis à faire bouger aussi significativement les lignes du système sanitaire Outre-Atlantique, au bénéfice – en termes de santé publique – de plusieurs dizaines de millions de ses concitoyens.

Des leçons à prendre en Europe, et particulièrement en France…

            Si nos spécialistes (médicaux et économiques) prennent la mesure de l’adoption de l’ « Obama Care » aux Etats-Unis, cela devrait les inciter peut-être à un peu plus de courage politique et de vision décentrée des seuls enjeux économiques, sur ce que représentent réellement des priorités de santé publique et le devoir de les mettre en œuvre . Alors qu’un gouvernement démocrate américain se battait pour obtenir un accès aux soins, plus équitable et moins inégalitaire, au bénéfice de sa population,  nous avons vécu ces dernières années en France, une minutieuse tentative de déconstruction libérale de notre système de santé et d’assurance maladie. Il est certes imparfait et très probablement corrigible, mais il prône (prônait ?) avant tout une éthique de solidarité où chaque citoyen, y compris les personnes sans-papiers, pouvait y avoir accès, même partiellement. La pénurie organisée des hôpitaux publics et les nouvelles formes entrepreneuriales de gestion hospitalière (financières comme en ressources humaines) ont participé à cette récente déstabilisation.

Tout en admettant que les contextes sont très différents et que le système de soins français reste encore une belle vitrine des acquis du Conseil National de la Résistance, la tendance prise ces dernières années au nom de la rigueur budgétaire va paradoxalement à l’encontre de la démarche et des perspectives du combat mené par le Président Obama. Essentiellement économique, la « nouvelle » vision sanitaire hexagonale va surtout à l’encontre des fondations de notre modèle de société, où les principes fondamentaux de solidarité et d’équité dans l’accès aux soins sont préservés depuis bientôt 70 ans. Va-t’on savoir réagir à temps et sauver notre système de protection sociale, qualifié naguère de « meilleur système de santé au monde » ?

Une autre piste de réflexion, moins sanitaire que juridique, s’ouvre aussi pour nos institutions et tout particulièrement pour le Conseil Constitutionnel où, à la différence des Etats-Unis, siègent nos anciens Présidents de la République. Renforcé désormais dans ses pouvoirs, le Conseil Constitutionnel joue un rôle beaucoup plus actif et immédiat sur les lois adoptées par le gouvernement. Ne serait-il pas temps, comme l’a récemment suggéré Robert Badinter, de modifier la composition dudit Conseil, pour éviter la surenchère de conflits d’intérêt politiciens ? La décision favorable aux démocrates, rendue par la Cour Suprême, n’a pu l’être qu’avec la voix « pour » de son président, le juge John Roberts, pourtant nommé par G.W. Bush. Le résultat aurait-il été le même si G.W. Bush en personne avait eu la possibilité de prendre part au vote ?

 

 

Les réactions virulentes et violentes des élus républicains, et notamment de Mitt Romney qui promet d’abroger la loi le premier jour de son mandat s’il est élu, témoignent du séisme politique dont sont « victimes » aujourd’hui les opposants à cette loi. Barack Obama n’a bénéficié d’aucune chance pour expliquer sa victoire.  Dans un combat politique rempli d’écueils, il a courageusement saisi l’opportunité d’aller affronter les républicains sur un terrain idéologique que l’on croyait miné pour les démocrates. Grâce à lui, 32 millions d’américains supplémentaires vont pouvoir désormais bientôt bénéficier d’un accès (même partiel) aux soins, sans que leur vie et leur emploi ne soient plus directement menacés par une maladie ou un accident de la route sans gravité. Cette « chance » historique ne mériterait-elle pas que la loi s’appelle désormais la « Barack Care » ?!

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La Syrie extrême et l’ « Empire du Milieu »

Posté par Jérôme Larché le 21 juin 2012

Les combats qui font rage en Syrie ont déjà faits plus de 8500 morts et les populations civiles des villes de Homs, Rastan ou Idleb en sont les principales victimes. L’accès humanitaire y est toujours extrêmement difficile  malgré les négociations menées par le CICR, l’accès est soins y étant même devenu un élément tactique de contre-insurrection pour le pouvoir syrien.  Contrairement à ce que l’on pouvait pressentir voici quelques mois, aucune solution politique directe et cohérente ne semble se dégager à présent, sauf si l’on pense que le référendum constitutionnel récemment proposé par Bachar El-Assad représente un renouveau de démocratie…  L’attitude de la Chine, extrêmement soucieuse de ne pas interférer dans les affaires internes des pays, est perçue par les pays occidentaux comme un déni des droits humains et en cela, critiquable. Au-delà de cette émotion première, il convient de s’interroger si l’ « Empire du Milieu » n’est pas autant une solution qu’un problème aux blocages de la crise syrienne.

 

Un pouvoir syrien démocide

La complexité des enjeux autour de la situation en Syrie ne parvient plus à en masquer l’horrible simplicité. Un pouvoir aux abois est en train d’assassiner son peuple, empêchant toute forme d’aide élémentaire de parvenir à ceux qui en ont besoin. La ville de Homs, ville martyre, et toute sa population, sont ainsi sacrifiées par le président El-Assad, dans une vaine tentative pour désarmer le processus qui, inexorablement, mènera à sa destitution. Ce médecin, qui avait le sang en horreur, en a désormais les mains pleines. La mort récente de plusieurs journalistes, l’exfiltration difficile des blessés vers des pays voisins, la défection régulière de plusieurs ministres, illustrent le point de non-retour qui a été atteint.

 

Une absence de « communauté internationale »

Même si la déstabilisation de la Syrie, pays pivot du Moyen-Orient, apporte une réelle incertitude sur les jeux politiques et militaires des pays avoisinants (comme le Liban, Israël ou l’Iran), la poursuite du massacre en Syrie est porteuse de dangers encore plus grands. Les positions fermes des Etats-Unis, de l’Europe et de la Ligue Arabe, ponctuées de sanctions diplomatiques et économiques, ne parviennent toutefois pas à faire plier ce régime. Cette incapacité des grandes puissances pointe d’une part  la nécessaire réforme du Conseil de Sécurité des Nations Unies, garant de la paix et de la sécurité internationales, mais aussi les différences importantes de concept des relations internationales exprimées par les régimes russes et chinois. On est loin d’un consensus sur l’application d’une « paix libérale », pourtant le modèle dominant actuel. 

L’attitude hostile de Moscou et Pékin à toutes ces initiatives diplomatiques traduit-elle la « puissance » réelle de ces deux pays, face à un « bloc occidental » – et ses alliés -, trop confiant dans sa capacité de dissuasion politico-militaire après l’épisode libyen ? Au fond, à quoi assiste-t-on ? A un défi diplomatique ouvert entre deux conceptions d’exercice du pouvoir et de la place des peuples face à ce pouvoir. Leur soutien au régime syrien semble pour l’instant intact (du moins en façade), même s’ils tentent de lui faire comprendre que la violence exagérée contre les civils ne fera qu’accentuer la désapprobation internationale, rendant toute négociation ultérieure encore plus difficile. De leur côté, les gouvernements occidentaux et leurs alliés arabes (la plupart sunnites) approuvent et légitiment les mouvements rebelles, sans franchir le pas de l’aide militaire, craignant sans doute d’attiser le conflit.

La « porte de secours » humanitaire

Ne pouvant trouver d’issue politique, les gouvernements occidentaux et leurs alliés arabes tentent maintenant de trouver une issue humanitaire, avec l’aide des Nations Unies. Si la critique diplomatique est aujourd’hui partagée par ces derniers, le régime autocratique syrien a pourtant semblé fréquentable de nombreuses années, car l’absence de démocratie était compensée par une utilité de négociation (avec l’Iran) voire même de stabilisation (au Liban) à l’échelle régionale. C’est donc plus contraints et forcés par l’extrémité des violences syriennes, inacceptables aux yeux de l’opinion publique, que les occidentaux ont « lâché » le pouvoir de Damas. On notera toutefois la quasi-silence de la diplomatie européenne, et en particulier du Service d’Action Extérieure de l’Union Européenne, affaiblissent de facto les négociations en cours, aussi bien avec la Syrie qu’avec la Russie ou la Chine.

L’Histoire récente montre que lorsque les Etats commencent à brandir l’argument humanitaire, c’est qu’ils se trouvent à court d’option stratégique, politique comme militaire. On se souviendra de l’incongruité des « corridors humanitaires » proposés par la diplomatie française au Darfour, alors qu’il s’agissait (et s’agit toujours) d’une zone de conflit sans ligne de front délimitée, en tâches de léopard. Que des propositions similaires soient faites aujourd’hui concernant la Syrie manque singulièrement de clairvoyance sur les réalités opérationnelles de ces « guerres de guérilla » (pour paraphraser Ernesto Che Guevara), conflits asymétriques où combattants et civils sont intimement mêlés, devenant tous  des cibles légitimes pour les violences des forces de l’ordre et des milices chahiba syriennes. Que 90 000 civils, dont bon nombre de blessés – soignés souvent très sommairement voire amputés -,  aient déjà gagné le camp jordanien de Riba Al-Sarhan, témoigne aussi de cette indiscrimination dans le choix des cibles. Les efforts actuels du CICR, tout comme de l’ancien Secrétaire Général  des Nations Unies, Kofi Annan, pour négocier un accès humanitaire en faveur des populations civiles sont ardus, sans preuve tangible d’un accord en vue.

Le destin syrien suivra-t’il le destin soudanais ? Celui d’un régime autocrate, violent, doté de forts leviers de coercition militaro-politique, mais aussi disposant précieux appuis internationaux comme ceux de la Chine et de la Russie, leur assurant une survie politique et institutionnelle…

La « solution » chinoise

Comme au Darfour, une des clés majeures pour déverrouiller le conflit syrien se trouve sans doute en Chine, à des milliers de kilomètres de la ville de Homs et de ses morts.  Puissance à l’économie puissante mais intégrée aux flux mondiaux, l’ « Empire du Milieu » possède-t’elle  en fait tous les atouts politiques pour rester totalement sourde au message que les pays occidentaux cherchent à lui faire passer ? Le temps qu’elle mettra à infléchir sa stratégie de soutien absolu à Bachar El-Assad – et ce,quelle qu’en soit la manière -, sera le marqueur de sa réserve de « puissance ».

Ces deux dernières décennies ont, en effet, vu la Chine montrer des signes d’ouverture pour jouer un rôle plus actif dans les affaires internationales, considérant qu’il s’agit d’une période d’opportunité stratégique.  Elle le fait toutefois avec ses concepts, ses valeurs millénaires, mais aussi ses rapports de force interne qui oscillent entre un « Rêve chinois », militairement conquérant, et la volonté d’un développement pacifique pour « cultiver l’harmonie ».  Eloigné géographiquement et idéologiquement du régime syrien, aligné conjoncturellement avec la Russie (avec qui, elle partage plus de frictions que de passions !), conceptuellement peu sensible aux droits de l’Homme dans sa politique étrangère, le pouvoir chinois a très certainement dégagé une vision élargie et à long terme (favorable à ses intérêts) de la crise syrienne.

Une autre crise régionale, toute proche, pourrait toutefois modifier la posture de la Chine plus rapidement que prévu, mériterait au moins d’être étudiée dans ses interactions possibles avec la Syrie : l’Iran et le développement de son arsenal nucléaire. En effet, une fermeture du détroit d’Ormuz par l’Iran, soumis à de fortes pressions internationales, serait probablement peu appréciée  par la Chine, à la forte dépendance énergétique en gaz et en pétrole. Dans ce cas, les soutiens mutuels et triangulaires entre Chine, Iran et Syrie pourraient changer de nature…

Ouvrir les perspectives et déterminer les bonnes stratégies

Outre les droits humains et humanitaires que les ONG doivent continuer à défendre, la recherche d’une véritable solution politique doit inclure une lecture au moins régionale, couplant les deux crises – plus dans leurs interactions possibles que dans leurs identité individuelle, et fondamentalement dynamiques dans leur évolution possible.  Les dérives violentes du régime syrien ne semblant pas devoir s’arrêter,  les  efforts de coopération diplomatique entre les grandes puissances (occidentales, eurasiatique et asiatique), les organisations politiques régionales, et le régime de Bachar El-Assad  doivent se poursuivre.

Sun Tzu écrivait dans L’Art de la Guerre : « La guerre est une grave affaire de l’Etat, […] un lieu de vie et de mort, […] une affaire à méditer soigneusement. […] L’armée victorieuse est victorieuse d’abord et cherche la bataille plus tard ; l’armée vaincue livre d’abord bataille et cherche la victoire ensuite. »

S’agit-il d’une partie d’échecs dont le contrôle du « centre de gravité » de l’échiquier amènera à une offensive clausewitzienne  rapide, « point décisif » cher à la vision occidentale ? Ou s’agit-il d’un jeu plus subtil, plus proche du wei-qi (l’équivalent du jeu de go), où la meilleure des attaques (diplomatiques) est indirecte et où l’équilibre des forces se modifie insensiblement. Favoriser la souplesse de l’encerclement stratégique, en jouant sur l’avantage psychologique, et en essayant d’éviter le conflit direct : telles sont les concepts fondamentaux de la stratégie chinoise. Si la position diplomatique actuelle de la Chine reste critiquable, il convient néanmoins de mieux réfléchir à la stratégie qui guide cette position. Une vision univoque purement moralisante, tout comme purement réaliste, n’est pas adaptée. Essayons plutôt d’en deviner le shi, l’ « énergie potentielle » exploitable qui permettra de faire évoluer la situation.

 

 

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Table ronde « Les sentiers de la guerre », La Sorbonne 13 mars 2012

Posté par Jérôme Larché le 14 février 2012

Table ronde  Les sentiers de la guerre 

Le mardi 13 mars de 18h à 20h, à la Sorbonne

Amphithéâtre Gestion, Paris 5ème  (entrée par la rue Cujas)

 

Autour de l’ouvrage

« La Brutalisation du monde, du retrait des Etats à la décivilisation» (Editions Liber)

de Josepha Laroche

Table ronde

Modérateur :

Dr Jérôme Larché (médecin, Directeur délégué de Grotius International)

 

Intervenants :

Pr Jean-Jacques Roche (Université Paris 2 et directeur de l’ISAD)

Pr Frédéric Ramel (IEP de Paris et directeur scientifique de l’IRSEM)

Pr Josepha Laroche (Université Paris 1 Sorbonne et directrice de Chaos International)

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Min Suryia (De Syrie)

Posté par Jérôme Larché le 6 décembre 2011

Dans un récent article du Monde du 24 novembre 2011, Rony Brauman et Bernard-Henri Lévy se sont violemment affrontés (joute verbale, s’entend) concernant le caractère  « juste » de la guerre menée en Libye par la coalition occidentale et qui a permis avec l’aide des insurgés libyens, la chute du régime du colonel Kadhafi. La virulence des postures réciproques donnait presqu’à penser qu’on ne parlait pas du même pays ! Cette controverse intellectuelle est peut-être l’occasion d’en tirer des leçons, pour s’interroger avec plus de finesse sur la situation en Syrie. 

Rony Brauman-Bernard-Henri Lévy, un dialogue de sourds  La population civile libyenne, qui a à la fois souffert des mesures de répression mises en place par le régime Kadhafi mais aussi des conséquences inévitables d’une guerre civile urbaine, n’apprécierait peut-être pas d’être ainsi mise au centre d’un débat essentiellement idéologique. Comme le Darfour hier, et peut-être demain la Syrie, la Libye n’était  plus, dans ce face-à-face Brauman-Levy,  l’objet principal d’intérêt mais le prétexte à la déclinaison idéologique de chacun. L’un cherche à convaincre par la raison, et l’autre à persuader par les sentiments et la morale.   Est-il si difficile d’affirmer son empathie et sa préoccupation pour les populations civiles, tout en réaffirmant la complexité d’une crise politico-militaire, tant dans ses origines historiques que dans la société dans laquelle elle se construit ? Il est probablement aussi déraisonnable de justifier une guerre pour des raisons humanitaires que de vouloir expliquer une crise politique par ses seules conséquences humanitaires… Primo Lévi a écrit dans Les Naufragés et les Rescapés qu’ « Il faut donc nous méfier de ceux qui cherchent à nous convaincre par d’autres voix que celle de la raison ». Je crois qu’il faut l’écouter, comme il faut d’abord écouter les peuples dont on se prétend le porte-parole, la plupart du temps de façon illégitime. 

La parole d’un écrivain syrien  Comme l’affirmait récemment dans Grotius International, l’écrivain syrien  Khaled Khalifa, la société syrienne est dans l’envie réelle dune (r)évolution démocratique, face à 40 ans d’un régime qui n’a pas ou peu bougé, si ce n’est le prénom de son président. Les réactions violentes des autorités, qui ont provoqué la mort de plusieurs milliers de manifestants, témoignent bien sûr de la peur face à ce changement cataclysmique qui s’annonce, et n’ont pas entamé la détermination d’une grande partie du peuple syrien à descendre dans la rue. S’agit-il réellement d’un « paradigme syrien », comme l’affirme Rony Brauman, « fait d’une mobilisation populaire large et d’un refus admirable de céder à la tentation des armes et à la spirale de la violence » ? Rien n’est moins sûr même si, pour l’instant, c’est actuellement le cas. 

Quelle(s) issue(s) possible(s) à la crise syrienne ? Sur un plan plus géopolitique, la Syrie est connectée à de nombreux pays (Irak, Liban, Turquie, Israël, Jordanie) dont certains sont encore très fragilisés, et pour lesquels une déstabilisation supplémentaire du Bilad-El-Cham[1]  aurait des conséquences difficiles à évaluer aujourd’hui. De plus, le coût financier et politique d’une nouvelle guerre menée par une coalition occidentale (voire élargie à un certain nombre de pays appartenant à la Ligue arabe) ne paraît plus possible à justifier vis-à-vis  d’une opinion publique, touchée de plein fouet par la crise de la dette et ses effets, notamment en Europe et aux Etats-Unis. Reste donc la voie diplomatique à emprunter, pour infléchir – par la négociation et des sanctions ciblées – la posture a priori inflexible du gouvernement syrien. Cette stratégie du « containment » risque d’être longue, sinueuse, de demander du temps, au risque que les rues de Homs ou de Damas soient encore le théâtre de combats asymétriques et sanglants entre manifestants et forces de l’ordre. Les sanctions économiques sévères à l’égard de la Syrie et les restrictions de circulation pour les dirigeants syriens, envisagées très récemment par la Ligue arabe, confirment que la technique de l’asphyxie progressive du régime a été choisie à celle de la démonstration de force internationale. 

De la légitimité de la parole Une lecture médiatique de la crise syrienne se résumant à un décompte des morts et à une indignation –humainement justifiée – sans décryptage pédagogique approfondi des déterminants réels de cette crise politique, dans l’une des régions les plus tendues au monde, ne permettra pas d’y poser un diagnostic correct, et encore moins d’en déduire les solutions appropriées.  J’aimerais, comme nous l’avons déjà fait dans Grotius International, que les syriens puissent s’exprimer pleinement dans nos médias. Qu’ils soient avocats, médecins, professeurs de sciences politiques, ou de simples citoyens, leur parole compte car ils connaissent leur pays, dans toute sa beauté et ses ellipses. Par sa légitimité, cette parole peut nous interpeller et peut-être nous indiquer comment agir. Mais cette parole, nous ne pouvons pas nous l’accaparer. Elle doit venir de Syrie. Min Suryia 



[1] Étymologiquement, le terme signifie « terre de la main gauche », http://fr.wikipedia.org/wiki/Bilad_el-Cham

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Corruption in the NGO world: what it is and how to tackle it

Posté par Jérôme Larché le 19 novembre 2011

Article published by the Humanitarian Policy Network at ODI

Corruption is a sensitive issue in the NGO world. Humanitarian actors need to understand what corruption is, recognise the forms it can take in humanitarian response, determine its true scale and better understand the conditions which lead to it. They also need to identify what mechanisms need to be put in place or strengthened to guard against corruption, even in  the most difficult contexts. Mitigating against corruption is necessary if NGOs are to achieve both operational efficiency and accountability to their stakeholders. However, it is also important to recognise that adopting a proactive and transparent approach to dealing with corruption may involve short-term risks to an NGO’s reputation.
 

What is corruption?

Transparency International (TI) defines corruption as ‘the abuse of power or position for private gain’.[1] This covers ‘active corruption’, such as bribery, and ‘passive corruption’, or allowing oneself to be bribed, as well as misappropriation. The exact scale of the problem in the humanitarian aid sector is by its nature very difficult to determine, but is assumed to be at much lower levels than corruption in the private commercial sector.

Another model of corruption takes into account the sources from which these risks emanate.[2] ‘Contextual’ corruption is linked to the environment surrounding the intervention (corrupt regimes, governments, police forces). ‘Systemic’ corruption refers to the humanitarian system, with its multiple, interacting and interdependent actors. ‘Intra-organisational’ corruption is linked to the constraints inherent within each NGO (human resources, active prevention strategies against corruption risks, verification procedures). This more operational model can help in prioritising and identifying NGOs’ scope of action in light of these risks. Thus, while NGOs have little hope of eradicating contextual corruption, they can and should take steps to prevent or address corruption within their own organisations.

A number of factors which can lead to corruption in humanitarian operations have also been identified.[3] These include lack of planning (or even the impossibility of planning), the number of humanitarian actors present and the financial resources at stake. The way in which the international humanitarian system has developed in recent years, including the exponential growth in the number of NGOs and the development of the humanitarian ‘industry’, has also been a contributing factor. Finally, we should not forget that corruption exists in developed countries, as well as developing ones.

Corruption and humanitarian aid: new dilemmas?

The number of NGOs has grown exponentially over the last 20 years, as has the scale of resources available. In 2010, it was estimated that humanitarian spending reached just shy of $17 billion.[4] Some NGOs have become transnational, with very large budgets. One American NGO, World Vision International, has a budget topping $2.6bn.

NGOs are often reluctant to talk about corruption for fear that it will lead to bad publicity and, consequently, a loss of funding. Working across borders to reach people in need can also give rise to allegations of corruption. The degree of confidentiality necessary to negotiate with those who control access can sometimes make transparency difficult to achieve. Moving clandestinely across borders to access affected populations, as NGOs have done over the years in many conflict situations, can also raise questions about the legitimacy and legality of such action. During the Afghan war in the 1980s, for instance, the Soviet-allied government in Kabul did not want humanitarian actors in Afghanistan, particularly in areas controlled by resistance factions. In this context, humanitarian NGOs had no choice but to cross the Pakistan–Afghanistan border illegally (without permission), through Peshawar and the North West Frontier Province. When humanitarian personnel were captured and held hostage by Soviet or Afghan forces, NGOs argued that the illegality of their actions did not decrease their legitimacy.

Humanitarian organisations cannot ignore the possible consequences of paying bribes or illegal taxes, especially in armed conflicts. Choosing to pay an illegal tax or bribe (in cash or in kind) when confronted by armed guards at a checkpoint may enable the organisation to access people in need, but can be misinterpreted as corruption. Choosing not to pay can mean that humanitarian needs go unmet and that lives may be lost or the risk of harm increased for NGO staff.

NGOs must widen the scope of risk assessment to consider whether their programmes are vulnerable to corruption, such as theft or misappropriation of funds or in-kind goods by warring parties, real or perceived inequities in the distribution of aid and sexual abuse and exploitation of beneficiaries by agency or partner staff. While every situation is different, in all cases NGOs have to balance their commitment to humanitarian principles with the need to control the risk of corruption so as to be truly accountable to their beneficiaries and donors. They should also be transparent with stakeholders about these challenges, and how they may affect decisions about whether or not to continue their work.


Still a taboo?

Some NGOs, particularly in Nordic countries, have chosen to publicise the results of corruption cases as well as the anti-corruption policies that they have implemented. For example, DanChurchAid (DCA) has a website page detailing corruption cases within the organisation and how they were dealt with.[5] Despite the financial crisis that began in 2008, DCA increased its 2009 budget to 498 million DKK (about $123m), a third of which came from private donors (the same proportion as in 2008). Being transparent about corruption does not appear to have negatively affected donor perceptions of DCA. Nonetheless, many NGOs believe that reporting cases of corruption is a major risk with potentially irreversible consequences for humanitarian organisations and their activities. They fear that such cases can undermine their credibility and reputation (particularly with the media), as well as discouraging public and private donations. In France, the Prometheus Foundation, a group of the largest French private companies, including oil, health insurance and pharmaceutical firms, has issued an ‘NGO Transparency Barometer’. The methodology, based only on available public data from NGOs’ websites, has been openly criticised by Coordination Sud, the French NGO forum.[6]

To open up the debate on corruption and to promote preventive measures, Médecins du Monde (MDM) led a study in 2008 which aimed to interview the 17 largest French NGOs regarding their perceptions of corruption, their approaches to field work and appraising and managing risks, and the procedures they had in place to minimise and prevent such risks.[7] Surprisingly, 11 of the 17 NGOs contacted refused to participate in this (strictly confidential) study. Among NGOs that agreed to take part, most recognised that cases of corruption were part of the significant operational challenges around humanitarian aid. The study confirmed what TI had already demonstrated: that humanitarian operations are most vulnerable to corruption in the procurement, transport and distribution of medicines, food, building materials and other consumables, particularly in large, rapid-onset emergencies.[8]

It is also important to remember that most emergency situations occur in countries where corruption is already widespread. The great majority of agency staff questioned in the 2008 study believed that corruption was primarily contextual in origin. Over half had witnessed incidents of corruption, been offered bribes or asked to pay them or had been invited to participate in corrupt activities.

NGOs need to ensure that they are well-informed about the nature and level of corruption in the countries in which they operate. This can be done by using, among other sources, Organisation for Economic Cooperation and Development (OECD) and TI reports on corruption levels. Although NGOs are unlikely to be able to address the root causes of ‘contextual’ corruption at a country level, individually or directly, by working with other NGOs and civil society it may be possible to mitigate the impact on humanitarian operations and local governance. In Bangladesh, for instance, 66.7% of households experienced some form of corruption when trying to access public services. Forty-eight percent of those interviewed encountered corruption in the health service, primarily bribery and nepotism. The most obvious examples were doctors charging for prescriptions and referring patients to their private clinics, and patients having to pay extra fees for tests in government hospitals. Community action at field level resulted in the creation of Committees of Concerned Citizens (CCCs), which acted as watchdogs on local governance and attitudes in both the education and health sectors. This led to dramatic improvements in the quality of care, and significantly reduced bribery, nepotism and negligence.[10] 

Accountability initiatives

At the international level, TI has just finalised a practical guide to identifying the weak links in the humanitarian response system in order to improve awareness and as far as possible prevent corrupt practices.[11] The guide also devotes significant attention to how to monitor and evaluate anti-corruption measures. Several NGOs, notably from English-speaking countries, participated in the development of this document, which is more technical than political.

In 1997, the Ethics and Transparency Committee of Coordination Sud drafted a charter of good practice.[12] Most large French NGOs are members of the Comité de la Charte, an independent organisation whose aim is to promote financial transparency. NGOs belonging to the committee are required to have their activities (financial and operational) audited each year by a certified auditor. NGO programmes and accounts are also subject to various external audits (several per year) commissioned by donors including EUROPAID and ECHO, as well as by the Cour des Comptes (the government audit office). In addition, most French NGOs have established internal control mechanisms which enable information from the field to be verified and cross-checked.

Conclusion

One of the lessons of the MDM study, which has also been confirmed by TI, is that it is extremely important for field teams to have appropriate and clearly defined intervention strategies, good knowledge of the field context and training on how to identify and reduce the risks of corruption, particularly operational risk factors associated with the procurement, transport, storage and distribution of relief goods.

As a complex global phenomenon with significant local consequences, corruption is a critical aspect of humanitarian thinking and action. Good governance and transparency are at the heart of NGO legitimacy. NGOs must work with Transparency International, the OECD and other institutional partners and private donors in order to fight corruption effectively. Strengthening community involvement in the implementation and evaluation of humanitarian (and development) programmes improves the ‘acceptance’ of NGOs by the beneficiary population and helps to mitigate against corruption and promote better local governance. We need an open debate on the risks of corruption and how to address them, without undermining donor funding to and beneficiary confidence in NGOs. As well as strictly operational considerations, corruption constitutes an important ethical and political challenge for humanitarian NGOs.

Jérôme Larché is a medical doctor, Associate Researcher at the Fondation pour la Recherche Stratégique and Delegate Director of Grotius International. He is a former board member of Médecins du Monde-France.


[1] Transparency International, Global Corruption Report, 2006.[2] Nicholas Stockton, Preventing Corruption in Humanitarian Relief Response, ADB/OECD Anti-Corruption Initiative for Asia and the Pacific, September 2005, http://www.oecd.org/dataoecd/63/49/35592702.pdf.[3] Daniel Maxwell et al., Preventing Corruption in Humanitarian Assistance: Final Research Report, Feinstein International Center, Humanitarian Policy Group and TI, 2008.[4] Development Initiatives, GHA Report 2011, http://www.globalhumanitarianassistance.org.

[5] See http://www.danchurchaid.org/about-us/quality-assurance/anti-corruption/cases.

[6] See http://www.promethee.fr/main.php.

[7] MDM in partnership with Sciences-Po Paris, Analyse de la corruption dans le secteur de l’aide humanitaire et perspectives, 2008. The 17 NGOs approached account for more than 80% of French humanitarian aid.

[8] See Preventing Corruption in Humanitarian Assistance.

[9] Michael Sheridan, ‘Massive Fraud Hits Tsunami Aid’, Times Online, http://www.timesonline.co.uk/tol/news/world/article706115.ece.

[10] C. Knox, ‘Dealing with Sectoral Corruption in Bangladesh: Developing Citizen Involvement’, Public Administration and Development, 29, 2009.

[11] TI, Preventing Corruption in Humanitarian Operations, 2010.

[12] See http://www.coordinationsud.org/wp-content/uploads/csud_charte.pdf.

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EXTRA- JUDICIAL AND TARGET KILLINGS IN PAKISTAN

Posté par Jérôme Larché le 5 octobre 2011

Article de Ali Imran à paraître dans Grotius International

          Pakistan is a country where every year hundreds of lives are taken by the security agencies and law enforcement agencies through self justice, accusing the killed persons to be involved or suspicious to be involved in criminal activities. Two such incidents of such “self justice” killings have been observed in two major cities of Pakistan, Quetta and Karachi during 2011. In the first incident at Quetta, security agencies killed five Russian tourists, including 3 women, on the suspicion of being suicide bombers and attempting to attack the security forces. The other incident took place at Karachi where a young guy aged about 18 years, being suspicion of robbery, was killed by Rangers, (para-military forces deployed for security). Both incidents were luckily captured by the local electronic media and were aired. Both incidents clearly showed neither the presence of any arms nor any resistance to be got arrested, rather both incident showed the life pledge from victims but security forces manifested their “power” by over- powering the suspected.

The superior judiciary took serious notice of the incidents and ordered for inquiries in both incidents. The inquiry commissions, comprised of senior officials are investigating into the matter. In Karachi incident, court has already convicted the accused persons by death sentence and life imprisonments. The incidents are very identical in nature and are in clear violation of Right to Life as provided by the Constitution of Pakistan. Under the constitution, it is the responsibility of the state to protect the life of her citizens but to the contrary, state institutions of Pakistan are taking the lives of the citizens.

Another major trend in 90’s was observed against the alleged robbers and allegedly hundreds of robbers were killed by the law enforcement agencies. Then provincial chief minister of Punjab was alleged to make such orders and several petitions have been filed against him by the victim’s families.

After 9/11, Pakistan has become a security concerned zone. This has led to a new wave of extra-judicial killings in Pakistan. War against terrorism, has lead to initiate operations in many areas. Though these operations have got some successes, in curbing the terrorism activities, but at the same time, it is alleged that such operations have planted upon the political workers and civilians as well.  

As per Human Rights Commission of Pakistan reports for 2010, as many as 12,580 people were murdered and over 17000 cases of abduction have been reported. Amongst these murders as many as 338 people were killed in Police encounters and at least 174 persons were recovered from illegal detention centers of the police. Target killings took the lives of thousands of people across the country. Only in one city of Karachi, as many as 237 political workers and 301 civilians were killed in target killings. In Balochistan, 118 people were killed in target killings while the bodies of 59 missing persons found dead. It is also critical that around 20 journalist were also amongst those unfortunate who lost their lives in such targeted killings.  It is also important to mention that during the year 2010, the Governor of Punjab Salman Taseer was assassinated & killed by one of his Police body guard, due to his stance on Blasphemy laws. While the minister for religious minorities Shahbaz Bhatti was also attacked and killed by some “unidentified” assailants. It was alleged that the assailants had some support from deceased minister’s police guards as they were suspiciously absent at the time of incident.

Forced disappearances of hundreds of political workers especially from nationalist parties have also been a matter of concerned of Pakistani civil society. Though, Supreme Court of Pakistan has taken serious notice and in result many of disappeared persons have been released but still a lot to be recovered.  

Unfortunately, the justice system in Pakistan is also not working well. Pakistan carries some of the legislations which deal with the terrorism. But due to poor prosecution and incapacity of the investigative agencies for strong evidence, the conviction rate remained around zero percent. Though Pakistani security forces have captured hundreds of wanted terrorist in last seven years but not a single major conviction of any such terrorist have come to surface.

Moreover, amongst the cases of extra-judicial killings by the law enforcement agencies, it is important to know that under Pakistani law, the legal heirs of the deceased have the power to forgive the accused persons. This have been observed, that in such extra-judicial killings, the families are under the immense pressure to compromise with the “institution” and are forced by coercions and threats to withdraw cases against the officials from law enforcement agencies.

The state of human rights can be stated worst in context of Pakistan as every citizen is exposed to threat of violation of his/her fundamental rights.  Speaking out in Pakistan has now become a potential threat to one’s life. Murder of a famous journalist Saleem Shahzad, has put the journalist and human rights defenders community at a greater risk of life. It is alleged by the Pakistan Union of Journalist, Human Rights Watch and other journalist bodies in Pakistan, that the murder has been taken place at the behest of Pakistan Intelligence Agencies, as the deceased was facing threats from agencies for writing down articles on some of the defense issues. Supreme Court has established a Judicial Commission to probe into the murder of Mr Saleem Shahzad.

In recent past, I have personally felt a wave of fear and agony amongst many sections of civil society as they have now become the potential target both by state institutions and terrorist. Solidarity has to be established with all the victims (and their families) of state-originated violence and terrorism in Pakistan, even if hope for justice remains weak

Ali Imran is a Pakistani Lawyer and Human Rights Activist.

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Les conséquences éthiques du 11 septembre: la prise en charge médicale des prisonniers de Guantanamo

Posté par Jérôme Larché le 10 septembre 2011

Le 2 mai 2011, suite à un article publié par des médecins américains dans la revue Plos One, j’ai écrit un éditorial intitulé « Guantanamo: l’éthique médicale mise au pas ».

Il ne remet absolument pas en cause la terrible tragédie qui a frappé les Etats-Unis mais dresse un tableau inquiétant des dérives éthiques commises au nom de la lutte anti-terroriste. Au final, elles n’ont pas permis de faire cesser le terrorisme (dont le rôle est dévolu aux forces civiles et militaires anti-terroristes, et en aucun cas aux médecins) et ont brisé des tabous au nom de la Sécurité Nationale.

 C’est une réflexion sur l’éthique médicale que je soumets aux lecteurs, et non pas une leçon que je donne.

En cette période de commémoration des attentats du 11 septembre, l’enjeu éthique est devenu un enjeu politique, et déterminera le cadre à venir des moyens utilisables au nom de la lutte contre le terrorisme.

Jérôme Larché

Médecin, Directeur Délégué de Grotius International

Enseignant à l’IEP de Lille – Chercheur associé à la Fondation pour la Recherche Stratégique

Ancien membre du CA de Médecins du Monde

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Otages : quelles leçons possibles?

Posté par Jérôme Larché le 3 juillet 2011

Edito Grotius.fr Juillet-Août 2011

La libération récente des journalistes Hervé Ghesquière et Stéphane Taponnier, otages depuis 18 mois en Afghanistan, est un soulagement réel pour leurs familles, pour les autorités françaises, mais aussi pour de nombreux français qui, jour après jour, suivait le compteur affiché par leur confrères. Cette libération ne doit pas faire oublier que neuf autres français restent retenus en captivité, dans des conditions quasi-inconnues, que ce soit en Somalie, au Yemen et Niger.

Hormis leur nationalité française, les statuts de ces otages, comme les circonstances de leur enlèvement, sont bien différents. Peut-on ainsi comparer les situations de l’agent de la DGSE enlevé en Somalie à celui des quatre français d’AREVA enlevés au Niger, ou à celle des trois humanitaires de l’ONG Triangle Génération Humanitaire enlevés au Yemen ? Probablement pas, car les motivations et les objectifs (politiques et/ou financiers) des ravisseurs ne sont pas les mêmes. On peut toutefois établir un certain nombre de constats.

Tout d’abord, il s’agit d’une véritable situation de crise, quelque soit l’institution concernée (gouvernement, entreprise, ONG), qui va remettre en question des modalités opérationnelles antérieures, voire faire stopper des activités jugées jusque là essentielles.

Ensuite, la gestion de crise est un processus multiforme et de longue haleine, qui va éventuellement nécessiter la participation de « spécialistes » de la négociation qui, même si la médiatisation de certains otages a pu paraître bénéfique, travaillent dans la discrétion.

Si une prise d’otage(s) n’est jamais neutre, la façon dont celles-ci sont traitées sur le plan médiatique ne l’est pas non plus. Les journalistes ont fait le choix clair de médiatiser les situations qui touchent leurs confrères. Cette attitude n’est pas nouvelle, si l’on se rappelle des enlèvements dans les années 80 en Afghanistan. Les militaires et les agences gouvernementales font le choix de la discrétion, choix logique par rapport à leur « culture », mais aussi peut-être parce que les enjeux politiques et opérationnels sont différents. Contrairement aux enlèvements d’humanitaires médiatisés en Afghanistan il y a quelques décennies (celui du Dr Augoyard, par exemple), les responsables d’ONG humanitaires préfèrent aujourd’hui le « profil bas » et privilégient la discrétion des négociations, activant aussi leurs réseaux locaux pour obtenir des informations.

De plus, des prises d’otage de journalistes ou d’humanitaires, ne peuvent être le prétexte à une remise en question du droit d’information ou du droit d’initiative humanitaire sur des terrains de conflits qui, par définition, sont des terrains dangereux. L’analyse préalable – et approfondie – des enjeux de sécurité et la connaissance des déterminants locaux d’une possible insécurité restent bien sûr indispensables, mais ne peuvent à eux seuls interdire toute action. Sur un plan plus tactique, des critiques ouvertes sur le comportement de tel ou tel, alors qu’il est captif, comporte des risques objectifs de rendre encore plus difficile les négociations en cours. Toujours est-il que la gestion médiatique des prises d’otages nécessite beaucoup de retenue, tant les inconnues sont nombreuses, et la tentation de leur instrumentalisation politique, abandonnée.

Enfin, il ne faut pas oublier qu’il y a souvent des otages d’autres nationalités impliqués avec des otages français (comme le togolais et le malgache enlevés à Arlit au Niger, et relâchés depuis).

  

Une prise d’otage constitue donc un événement extrêmement déstructurant, à l’image d’une onde qui se propage en cercles concentriques de plus en plus larges, même si l’impact le plus fort atteint en premier lieu les victimes et leur entourage proche. A l’issue d’une telle crise, des édifices solides peuvent se renforcer, mais aussi se fissurer et parfois s’écrouler.

 

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Les Soudanais pris au piège des combats autour de la très convoitée zone d’Abyei

Posté par Jérôme Larché le 8 juin 2011

Sur France 24 du 02/06/2011 http://observers.france24.com/fr/content/20110602-soudanais-refugies-combats-convoitee-zone-abyei-sud-soudan-exode-independance?ns_campaign=nl_obs_fr&ns_mchannel=email_marketing&ns_source=emv_08062011_obsfr&ns_linkname=soudan-abiyei-piege-civils&ns_fee=0

Abyei a beau être un simple point sur la carte du Soudan, l’avenir de cette petite zone frontalière menace les très fragiles accords de paix entre le nord et le sud du pays. Le 21 mai, les troupes du Nord ont pris le contrôle de cette région riche en pétrole, obligeant des milliers de personnes à fuir. Notre Observatrice témoigne de la situation dramatique de ces réfugiés.

Abyei est une région de 10 000 km2 bénéficiant d’un statut administratif spécial selon l’accord de paix global de 2005 qui avait mis fin à 22 années de guerre civile entre le Nord et le Sud-Soudan. À elle seule, cette région cristallise tous les conflits qui divise le pays : tensions ethniques, frontières mal définies et ressources naturelles convoitées.

Le cas d’Abyei est certainement le point le plus sensible des négociations entre Khartoum, la capitale du Nord, et Juba, la capitale du Sud, à quelques mois de l’indépendance du Sud-Soudan prévue en juillet 2011. Comme cela avait été décidé dans l’accord de 2005, le Sud-Soudan a organisé en janvier un référendum d’autodétermination. La population du Sud-Soudan, à majorité non musulmane et noire africaine, a choisi de devenir indépendante du Nord, majoritairement arabe et musulman.

Un référendum parallèle devait être organisé à Abyei pour déterminer ce qu’il adviendrait de la région en cas d’indépendance, mais il a été annulé car le Nord et le Sud n’ont pas réussi à se mettre d’accord sur les critères de vote.

Ni Juba, ni Khartoum ne souhaitent perdre le contrôle de cette région frontalière, une zone aux terres fertiles qui abrite de nombreux champs de pétrole ainsi qu’un accès stratégique à l’eau.

 

« Les personnes à qui j’ai parlé se considèrent comme Sud-Soudanais »

Laurea Heaton est chercheuse pour l’ONG Enough Project. Elle était à Agok, à 43 km d’Abyei, la capitale de la région du même nom, pour rencontrer les réfugiés.

Les témoignages des réfugiés d’Abyei que j’ai entendus étaient absolument déchirants. Dès que les troupes du Nord ont attaqué, des familles entières ont été forcées de quitter leurs villages et de prendre la route, à pied, en laissant tous leurs biens derrière elles.

Les réfugiés se sont essentiellement dirigés vers les villes de Turalei et Mayen Abun, dans le comté sud-soudanais de Twic, qui est frontalier de la région d’Abyei. Il n’y a aucun camp de réfugiés organisés où ils puissent s’installer. La plupart dort sous des arbres sur le bord de la route. S’ils ont de la chance, ils sont pris en charge par des proches ou des locaux. Mais la saison des pluies commence et après chaque averse, ils seront condamnés à dormir sur de la boue épaisse.

 

« Les étals des marchés sont quasiment vides et les bouteilles d’eau sont quasiment introuvables »

Les populations locales partagent le peu qu’elles ont avec les déplacés. Mais ils manquent de nourriture et d’eau. Aucun réfugié ne mange à sa faim. À Agok, l’essence manque et les rares personnes disposant d’un véhicule ne peuvent pas s’en servir.

Les quelques organisations présentes dans la zone n’ont pas encore réussi à acheminer de la nourriture ou à aider les déplacés. Pour le moment, elles sont encore en train d’enregistrer les arrivées et de répertorier les besoins [30 642 personnes ont été enregistrées et quelque 30 000 autres sont en cours d’enregistrement]. Il y a surtout des femmes et des enfants : les hommes armés sont restés sur place pour garder un œil sur leurs terres et leurs biens. Mais il semblerait que les pillages perpétrés par les soldats du Nord se soient, malgré cela, généralisés.

Les personnes à qui j’ai parlé se considèrent comme Sud-Soudanais. Ils ont le sentiment d’avoir été délaissés par l’accord de paix ainsi que par le vote de l’indépendance du Sud, qui ne comprend pas la région d’Abyei. Un vétérinaire originaire de la région, qui s’était battu avec l’armée de libération du Soudan [SPLA, armée du Sud], m’a dit : ‘Je suis content pour l’indépendance du Sud-Soudan. Ils se battent pour ça depuis tellement longtemps’. Puis il s’est interrompu et a ajouté ‘Nous nous sommes battus pour ça’.

Avec l’impasse politique dans laquelle s’engagent les deux parties au sujet d’Abyei, la plupart des réfugiés n’arrivent pas à imaginer leur futur. Une majorité dit vouloir retourner chez elle à la fin des combats, mais ils ont bien conscience que ça pourrait prendre des mois, même des années. »

 

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3 humanitaires français de l’ONG Triangle Génération Humanitaire, enlevés au Yemen

Posté par Jérôme Larché le 28 mai 2011

INFO EXPRESS sur rtl.fr

« Trois travailleurs humanitaires français, deux femmes, âgées de 26 et 29 ans et un homme de 32 ans, ont disparus samedi dans la province yéménite méridionale d’Hadramout, a annoncé un responsable de la sécurité locale. Ils ont été kidnappés lors d’un déplacement dans la ville de Sayoun. Ces Français étaient présent sur place depuis le mois de mars et font partie de l’organisation Triangle Génération Humanitaire. Le Quai d’Orsay, qui a confirmé l’information, est mobilisé au centre de crise à Paris, comme à son ambassade à Sanaa, la capitale yéménite. Les forces de sécurité se sont lancées à la poursuite des ravisseurs des trois Français, qui ont été kidnappés après avoir quitté un restaurant, a ajouté le responsable yéménite.

« Nous confirmons que nous sommes informés de la disparition de plusieurs compatriotes au Yémen, il s’agit de trois personnes », a déclaré le porte-parole du ministère Bernard Valero. « Nous ne sommes pas en mesure pour l’instant de dire s’il s’agit d’un enlèvement. »
   
Les autorités françaises mettent tout oeuvre pour retrouver ces personnes, a-t-il ajouté.
   
A Aden, un responsable de la sécurité locale a affirmé que les trois Français – deux femmes et un homme – avaient été enlevés à la sortie d’un restaurant dans la province d’Hadramout. « 

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