Table ronde « Les sentiers de la guerre », La Sorbonne 13 mars 2012

Posté par Jérôme Larché le 14 février 2012

Table ronde  Les sentiers de la guerre 

Le mardi 13 mars de 18h à 20h, à la Sorbonne

Amphithéâtre Gestion, Paris 5ème  (entrée par la rue Cujas)

 

Autour de l’ouvrage

« La Brutalisation du monde, du retrait des Etats à la décivilisation» (Editions Liber)

de Josepha Laroche

Table ronde

Modérateur :

Dr Jérôme Larché (médecin, Directeur délégué de Grotius International)

 

Intervenants :

Pr Jean-Jacques Roche (Université Paris 2 et directeur de l’ISAD)

Pr Frédéric Ramel (IEP de Paris et directeur scientifique de l’IRSEM)

Pr Josepha Laroche (Université Paris 1 Sorbonne et directrice de Chaos International)

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La « brutalisation du monde » ou le combat perdu d’Alétheia contre Thanatos

Posté par Jérôme Larché le 3 février 2012

Edito de Grotius International – Février 2012

Chers lecteurs de Grotius, cet édito m’a donné des sueurs froides… En effet, je dois bien avouer que de multiples sujets m’ont interpellé ces dernières semaines, qu’il s’agisse du retrait accéléré des troupes françaises en Afghanistan, de la poursuite des massacres de civils en Syrie, des manifestations anti-Poutine en Russie, ou même des reculades du Ministère de l’Intérieur sur les étudiants étrangers. Finalement, tous ces sujets –et bien d’autres que je ne peux citer – ont un point commun qui est la confrontation avec un ennemi, réel ou construit, palpable ou fantasmé.

Comme l’a écrit Freud, « les choses s’effacent devant leurs représentations »[1], et la perception, que l’on peut comparer à un mécanisme de défense psychique permettant à chacun d’éviter culpabilité et remise en cause internes, prend le pas sur la réalité. La réalité devient donc fabriquée, et son ennemi le devient aussi[2]. Ces mécanismes, qui relèvent à la fois de choix individuels et qui ont (et qui sont aussi) une traduction collective et sociale, deviennent des enjeux transversaux pour la compréhension de la genèse – voire de la sociogenèse – des conflits. Des clés de compréhension s’offrent à nous pour appréhender la construction, voire même l’extension, d’un certain dérèglement du monde.

La « brutalisation du monde » ou le combat perdu d’Alétheia contre Thanatos dans COUPS DE COEUR C1-et-C4-Brutalisation-2--1024x758

« La brutalisation du monde » : d’abord une réflexion épistémologique

Dans son dernier ouvrage, paru aux Editions Liber, Josepha Laroche, Professeur de Science Politique à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et directrice de Chaos International, nous interpelle avec ce titre évocateur : « La brutalisation du monde : Du retrait des Etats à la décivilisation ». En mobilisant les ressources et les concepts de la psychanalyse, de l’histoire et de la sociologie, elle introduit de la pensée complexe, transdisciplinaire, et pose un cadre original d’analyse des reconfigurations sociopolitiques à l’œuvre dans le monde contemporain.

Ce croisement des disciplines est non seulement original mais se révèle extrêmement pertinent. Cette démarche épistémologique peu orthodoxe risque, certes, de devenir objet de polémique mais la richesse et l’agencement des ressources mobilisées pour un dialogue cohérent entre psychanalyse et science politique, en font aussi un indéniable objet scientifique. Or l’objet de la science, et notamment de la science politique, n’est il pas d’amener des éléments supplémentaires de compréhension, poser de nouveaux cadres, sans pour autant gommer les doutes et les incertitudes ? Cette interrogation collective, d’ordre épistémologique au sein d’une discipline, n’est elle pas aussi une interrogation individuelle sur notre regard au monde ?

La première partie de l’ouvrage est consacrée au refoulement de la pulsion de mort, tandis que la deuxième l’est au retour du refoulé. Chacun des chapitres est construit sur un discours dialectique entre apports psychanalytiques, historiques et politistes. Le moi côtoie le surmoi, comme le micro jouxte le macro, l’individu la société et le national l’international. L’auteure souligne notamment qu’on ne peut opposer individu et société. Comme l’a en effet écrit Norbert Elias[3], «  la société n’est pas simplement un objet face aux individus ; elle est ce que chaque individu désigne lorsqu’il dit nous ».

Une « décivilisation » à l’oeuvre    

Si la fin de la guerre Froide a vu diminuer le nombre global de conflits, de nouveaux conflits interétatiques ont émergé, mettant en lumière l’action déterminante de nombreux groupes non étatiques infra et transnationaux. Dans un processus qui s’est accentué ces dernières années en raison de la crise financière globale qui concerne les Etats, et notamment les Etats occidentaux, on peut noter un nouveau basculement de l’Histoire sur la place et le rôle des Etats. L’idée d’Etat-nation sécularisée qui s’était imposée avec les traités de Westphalie en 1648 perd peu à peu son périmètre d’influence au profit de groupes communautaires, qui lui reconnaissent de moins en moins d’autorité et de légitimité. La diplomatie, monopole des Etats, et la judiciarisation des relations internationales (dont la création de la Cour Pénale Internationale est un exemple concret) avaient ainsi permis jusque là un refoulement de la pulsion de mort, c’est-à-dire la prééminence du principe de réalité sur le principe de plaisir.

Le monopole de l’Etat à exercer la violence physique légitime, comme l’a théorisé Max Weber, relevait de fait d’un processus civilisationnel, et sa mise à mal actuelle s’accompagne désormais d’une « brutalisation du monde ». En effet, pour Josepha Laroche, « avec la mondialisation des violences non étatiques et des communautarismes, les sociétés doivent faire face à la brutalisation du monde – affrontements identitaires, destruction du lien social et des solidarités, exclusion de la communauté nationale d’individus lentement réifiés avant d’être socialement néantisés ». 

Une psychanalyse politique des conflits

Mais ce livre n’est pas seulement politiste ; il est également politique. Pour que l’ « économie psychique » des individus appartenant à une société soit préservée, « l’instance étatique est en effet apparue comme le rempart à «la guerre de chacun contre chacun[4] », le seul espace politique de régulations et d’échanges capable d’engager les sociétés dans le processus civilisationnel si bien mis en relief par Elias ».

La dimension historique et l’évolution de nos sociétés face au contrôle exercé sur les processus de violences sont étudiées dans une perspective de « temps long », chère à Fernand Braudel et qui, tout en relativisant l’écume des micro-(r)évolutions, illustre avec acuité les vrais temps de rupture. On peut discuter pour savoir s’il s’agit plus d’une rupture ou d’un glissement, mais Josepha Laroche s’engage pour nommer ce qu’elle appelle un processus de décivilisation. Elle rend l’argumentation crédible, en s’appuyant à la fois sur les construits théoriques de Pierre Bourdieu ou René Girard, mais aussi sur des réalités tangibles comme l’action terroriste et la menace qu’elle fait peser sur les Etats de droit, en les poussant soit à sur-réagir (avec le danger de « compromettre leur identité institutionnelle ») soit sous-réagir (affaiblissant alors leur légitimité).

Dans une période socialement et économiquement tendue, où des pays européens commencent à être mis sous tutelle[5], et où la place centrale de l’Etat dans la société est ouvertement discutée pour cause de déficits budgétaires, ce livre désenchanté recèle de nombreuses pistes à méditer. Pour ne pas oublier d’où nous venons et pour réfléchir où nous allons… Intéressante clé de lecture pour comprendre les violences du monde d’aujourd’hui, cet ouvrage nous rappelle que l’homme est avant tout un animal social, dont la nature contradictoire lui fait souvent détester l’étranger proche. Celui dont les différences n’arrivent pas à gommer les ressemblances.

 

Ainsi, il semble bien que la dialectique entre principe de réalité et principe de plaisir fonctionne en permanence, et que les fragiles équilibres édifiés par les individus pour pacifier leurs sociétés n’aient rien d’acquis. La réalité dévoilée (alétheia) ne combat pas nécessairement à armes égales avec la pulsion de mort (thanatos). Pour s’éclairer dans le brouillard d’un monde présent qui se brutalise, le livre de Josepha Laroche est indiscutablement une lanterne bien utile…


[1] S. Freud, Totem et tabou

[2] P. Conesa, La fabrique de l’ennemi, Ed R. Laffont 2011

[3] N. Elias, La société des individus

[4] T. Hobbes, Leviathan

[5] rappelant les programmes d’ajustement structurels mis en œuvres par les institutions de Bretton Woods, et dont on connait le franc succès…

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EXTRA- JUDICIAL AND TARGET KILLINGS IN PAKISTAN

Posté par Jérôme Larché le 5 octobre 2011

Article de Ali Imran à paraître dans Grotius International

          Pakistan is a country where every year hundreds of lives are taken by the security agencies and law enforcement agencies through self justice, accusing the killed persons to be involved or suspicious to be involved in criminal activities. Two such incidents of such “self justice” killings have been observed in two major cities of Pakistan, Quetta and Karachi during 2011. In the first incident at Quetta, security agencies killed five Russian tourists, including 3 women, on the suspicion of being suicide bombers and attempting to attack the security forces. The other incident took place at Karachi where a young guy aged about 18 years, being suspicion of robbery, was killed by Rangers, (para-military forces deployed for security). Both incidents were luckily captured by the local electronic media and were aired. Both incidents clearly showed neither the presence of any arms nor any resistance to be got arrested, rather both incident showed the life pledge from victims but security forces manifested their “power” by over- powering the suspected.

The superior judiciary took serious notice of the incidents and ordered for inquiries in both incidents. The inquiry commissions, comprised of senior officials are investigating into the matter. In Karachi incident, court has already convicted the accused persons by death sentence and life imprisonments. The incidents are very identical in nature and are in clear violation of Right to Life as provided by the Constitution of Pakistan. Under the constitution, it is the responsibility of the state to protect the life of her citizens but to the contrary, state institutions of Pakistan are taking the lives of the citizens.

Another major trend in 90’s was observed against the alleged robbers and allegedly hundreds of robbers were killed by the law enforcement agencies. Then provincial chief minister of Punjab was alleged to make such orders and several petitions have been filed against him by the victim’s families.

After 9/11, Pakistan has become a security concerned zone. This has led to a new wave of extra-judicial killings in Pakistan. War against terrorism, has lead to initiate operations in many areas. Though these operations have got some successes, in curbing the terrorism activities, but at the same time, it is alleged that such operations have planted upon the political workers and civilians as well.  

As per Human Rights Commission of Pakistan reports for 2010, as many as 12,580 people were murdered and over 17000 cases of abduction have been reported. Amongst these murders as many as 338 people were killed in Police encounters and at least 174 persons were recovered from illegal detention centers of the police. Target killings took the lives of thousands of people across the country. Only in one city of Karachi, as many as 237 political workers and 301 civilians were killed in target killings. In Balochistan, 118 people were killed in target killings while the bodies of 59 missing persons found dead. It is also critical that around 20 journalist were also amongst those unfortunate who lost their lives in such targeted killings.  It is also important to mention that during the year 2010, the Governor of Punjab Salman Taseer was assassinated & killed by one of his Police body guard, due to his stance on Blasphemy laws. While the minister for religious minorities Shahbaz Bhatti was also attacked and killed by some “unidentified” assailants. It was alleged that the assailants had some support from deceased minister’s police guards as they were suspiciously absent at the time of incident.

Forced disappearances of hundreds of political workers especially from nationalist parties have also been a matter of concerned of Pakistani civil society. Though, Supreme Court of Pakistan has taken serious notice and in result many of disappeared persons have been released but still a lot to be recovered.  

Unfortunately, the justice system in Pakistan is also not working well. Pakistan carries some of the legislations which deal with the terrorism. But due to poor prosecution and incapacity of the investigative agencies for strong evidence, the conviction rate remained around zero percent. Though Pakistani security forces have captured hundreds of wanted terrorist in last seven years but not a single major conviction of any such terrorist have come to surface.

Moreover, amongst the cases of extra-judicial killings by the law enforcement agencies, it is important to know that under Pakistani law, the legal heirs of the deceased have the power to forgive the accused persons. This have been observed, that in such extra-judicial killings, the families are under the immense pressure to compromise with the “institution” and are forced by coercions and threats to withdraw cases against the officials from law enforcement agencies.

The state of human rights can be stated worst in context of Pakistan as every citizen is exposed to threat of violation of his/her fundamental rights.  Speaking out in Pakistan has now become a potential threat to one’s life. Murder of a famous journalist Saleem Shahzad, has put the journalist and human rights defenders community at a greater risk of life. It is alleged by the Pakistan Union of Journalist, Human Rights Watch and other journalist bodies in Pakistan, that the murder has been taken place at the behest of Pakistan Intelligence Agencies, as the deceased was facing threats from agencies for writing down articles on some of the defense issues. Supreme Court has established a Judicial Commission to probe into the murder of Mr Saleem Shahzad.

In recent past, I have personally felt a wave of fear and agony amongst many sections of civil society as they have now become the potential target both by state institutions and terrorist. Solidarity has to be established with all the victims (and their families) of state-originated violence and terrorism in Pakistan, even if hope for justice remains weak

Ali Imran is a Pakistani Lawyer and Human Rights Activist.

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« Le Royaume de l’insolence à l’aune des prétentions occidentales »

Posté par Jérôme Larché le 3 juillet 2011

Notes de lecture pour Grotius.fr 

La guerre de l’ombre des français en Afghanistan (1979-2011), par Jean-Christophe Notin (Editions Fayard, 2011)
 

Dans ce livre-document, et à l’heure où la France est engagée pleinement dans la guerre menée par les occidentaux en Afghanistan, J.C. Notin mobilise l’histoire contemporaine pour remettre en perspective les relations complexes, faites à la fois de proximité et de distanciation, entre ces deux pays. Avec un parti pris chronologique, indispensable pour la cohérence d’ensemble, il dessine à coup d’esquisses la multiplicité des rapports qu’ont pu entretenir les différents acteurs, sans oublier de décrire les terribles conséquences pour la population afghane du Grand Jeu qui, depuis des décennies, se rejoue sur leur territoire.    Pendant des années, les acteurs humanitaires ont côtoyé des moudjahiddins, des agents des services de renseignement  (CIA[1] et DGSE[2] notamment), des officiers de l’ISI[3] – les redoutables services secrets militaires du Pakistan – , et bien sûr les troupes de l’armée soviétique de l’opération Chtorm 333. Dans ce Grand Jeu du XXème siècle, les populations civiles afghanes ont été les principales victimes. Victimes directes des attaques brutales des soviétiques ou des conflits entre les différents clans de moudjahiddins qui, dans le respect des règles de la guérilla, avaient besoin de cette population pour s’y fondre. Victimes indirectes du cynisme diplomatique des grandes puissances, France et Etats-Unis en tête, mais aussi de la volonté sans faille du Pakistan à garder la main sur l’avenir politique de son voisin afghan, afin de préserver une  profondeur stratégique  face à son puissant rival indien. 

Dans cette « quête afghane », les ONG humanitaires françaises ont joué un rôle majeur, n’hésitant à mêler altérité et parfois idéologie. L’auteur souligne en effet que, si certaines ont nettement franchi les limites de leur mandat humanitaire – en participant parfois même aux combats contre les soviétiques -, la plupart  ont contribué à apporter un soutien alimentaire, médical, et moral, à des populations vulnérables (mais aussi aux chefs de clans et de groupes de combattants qui contrôlaient ces zones). Beaucoup de médecins, infirmier(es), et journalistes n’ont pas hésité à recourir à la clandestinité pour passer la frontière pakistano-afghane (via les zones tribales du Nord-Ouest) et franchir des cols enneigés à plus de 4000 mètres d’altitude. Les ONG ont également participé à la mise en lumière de chefs de guerre comme Amin Wardak et Ahmed Shah Massoud, se livrant au passage à un intense travail d’influence auprès des gouvernements et décideurs politiques occidentaux. Après la guerre du Biafra, le conflit des années 80 en Afghanistan reste un des évènements fondateurs des  French doctors. Pour l’anecdote, les humanitaires français qui ont vécu ces années-là s’appellent encore entre eux, avec beaucoup de respect mutuel, les « afghans ». Comme la mémoire est souvent sélective, il n’est pas inutile de rappeler que de nombreuses ONG non-françaises ont, elles aussi, été présentes sur le territoire afghan. La deuxième partie du livre de J.C. Notin traite de la coalition internationale et de tous les acteurs (agents secrets, soldats, politiques) engagés depuis 2001 dans la traque des Taliban et d’Al-Qaida. La place des ONG, devenue de plus en difficile et dangereuse en raison des stratégies contre-insurrectionnelles et de l’approche globale voulues par la coalition, est également évoquée. L’auteur rappelle par ailleurs les dissensions au sein de la coalition otanienne sur les objectifs avérés de la guerre menée depuis 2001, et qui avait commencé par l’offensive « militaro-humanitaire » Bombs and Bread[4] , presqu’unanimement critiquée par la communauté humanitaire. Même Hubert Védrine, cité dans l’ouvrage, constate avec dépit : « Est-on là pour écraser les foyers de terrorisme ou pour démocratiser, éduquer, etc. ? On ment aux populations occidentales et afghanes en affirmant que nous aidons une population en difficulté, à la démocratiser, etc. – mais en fait, nous ne sommes là que pour défendre nos intérêts de sécurité. » 

J.C. Notin conclut avec perspicacité que « la France sait  peut-être mieux que d’autres que le royaume de l’insolence peut aussi être le cimetière des prétentions. » L’avenir dira si la récente volonté des Présidents Obama et Sarkozy de commencer le retrait de leurs troupes d’Afghanistan est le reflet de cette lucidité…   

NB : Le prix de l’essai de L’Express a été décerné le 23 juin dernier à J.C. Notin pour son dernier livre,  La guerre de l’ombre des Français en Afghanistan.  



[1] CIA : Central Intelligence Agency 

[2] DGSE : Direction Générale de la Sécurité Extérieure 

[3] ISI : Inter-Service Intelligence 

[4] « Bombes et Pain », le terme militaro-humanitaire étant bien entendu complètement antinomique et inapproprié.

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Le gouvernement veut expulser les étrangers malades: Nous, médecins, continuerons à les soigner

Posté par Jérôme Larché le 4 mai 2011

Communiqué de presse – mercredi 4 mai 2011 

Aujourd’hui, le droit français prévoit qu’une personne de nationalité étrangère, résidant en France, et atteinte d’une maladie  grave, a droit à une carte de séjour pour soins et ne peut être expulsée si elle n’a pas la garantie d’un accès effectif à une prise en charge médicale dans son pays d’origine. 

Depuis quelques mois, le projet de loi relatif à l’immigration remet substantiellement en cause ce droit au séjour pour soins et cette protection contre l’éloignement des étrangers malades. Le processus législatif a aggravé les restrictions au gré des navettes parlementaires ; il touche très bientôt à sa fin avec la commission mixte paritaire ce 4 mai.  Aussi, face aux enjeux en cause, nous, médecins de terrain, engagés dans des associations, des sociétés savantes ou des syndicats, avons interpellé, ensemble, le Premier ministre fin mars pour connaitre sa position et tenter d’infléchir le cours des choses. 

Après un premier refus de dialogue de sa part et devant notre insistance, nous avons été finalement reçus par son cabinet le vendredi 29 avril. Nous lui avons fait valoir combien le dispositif actuel, clair et encadré, répondait à des objectifs fondamentaux de santé individuelle et de Santé publique. Nous lui avons indiqué en quoi cette réforme était injustifiée compte tenu de la stabilité et de la faiblesse du nombre de cartes de séjour délivrées dans ce cadre (28 000) et de l’absence avérée de migration thérapeutique.

Nous lui avons montré en quoi la réforme envisagée était dangereuse : péril de la santé et de la vie des personnes concernées, menace pour la santé publique, atteinte au secret médical, entrave au contrôle effectif du juge, et augmentation des dépenses publiques. Notre échange a démontré combien il était nécessaire d’expliciter les enjeux en cause tant ils apparaissaient avoir été sous-évalués. Aujourd’hui, si le gouvernement persiste à restreindre le droit au séjour pour soins, c’est en connaissance de cause et en toute responsabilité qu’il va mettre en grave danger la santé de 28 000 personnes.

En cas d’expulsion, et faute d’un accès effectif aux soins, ces personnes seraient exposées à un risque vital. En tout état de cause, nous, médecins, continuerons à soigner toutes les personnes nécessitant des soins, quels que soient leur nationalité et leur statut administratif, conformément à nos principes déontologiques. 

Dr Bruno SPIRE, Président de AIDES                                       Dr Pierre LOMBRAIL, Président de la SFSP     

Dr Didier FASSIN, Président du COMEDE                    

Dr Patrick DUBREIL, Président du SMG 

Dr Marie-Pierre ALLIE, Présidente de MSF Dr Olivier BERNARD, Président de MDM                                   

Dr François WILTHIEN, Vice-président de MGFrance 

Dr Carine FAVIER, Présidente nationale du Planning familial 

Dr Jean-Pierre GEERAERT, Représentant du COMEGAS  Dr Nathalie DE CASTRO et Dr Matthieu LAFAURIE, initiateurs de l’Appel « accessibilité effective » signé par 1 400 médecins 

Contacts : 
Florence Priolet/
Annabelle Quenet (
Médecins du Monde) – 01 44 92 14 31/14 32 
Dr Matthieu Lafaurie (initiateur de l’Appel « accessibilité effective ») – 06 70 84 18 53  Dr Arnaud Veïsse (COMEDE) – 06 68 60 38 24 Adeline Toullier (AIDES) – 06 20 29 86 43 

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Criminal Justice and Gender Based Violence in Pakistan: a biaised and ineffective system

Posté par Jérôme Larché le 2 mai 2011

Auteur: Ali Imran (avocat pakistanais et militant pour les droits de l’homme)

 

      The ineffectiveness of Pakistani Criminal Justice System has repercussion not only for domestic and international security but also a major contributing/supporting factor to the gender based violence in Pakistan. A justice system full of poor investigations, corruption, intimidation, external interference in trials, poor prosecution, lack of forensic evidence instruments and above all the right of complainant to make compromises at any stage of trial results in the lowest conviction rate, ranging around 5%. The poor criminal justice system result was reflected in a recent Supreme Court decision on Mukhtaran Mai, a woman who was gang raped by the orders of  local council of elders (Jirga). The case was registered on 30 June 2002, against 14 accused under the charges of gang rape and anti-terrorism laws. The court finally released the 13 out of 14 accused, after a proceeding of over nine years. The decision has astounded the civil society in Pakistan, working towards the elimination of gender based violence. 

Despite the fact, that thousands of terrorist attacks have been carried out in last six years in Pakistan and hundreds of militants have been arrested, many of them even trialed but so far not a single conviction against any of the terrorist has come to surface. Though National Judicial Policy has been formulated in 2009 and set for implementation but it has not turned to be responsive for the citizen’s needs. 

Presence of parallel legal systems in Pakistan is also a contributing factor which leads to the injustice, inequality and violation of fundamental rights. The established different courts and forums under Common Law, Sharia Law and Tribal Law and all of them parallel to each other, sets paths towards an unequal and unjust criminal legal system. Moreover, the presence of informal justice system, known as Council of elders has led to certain inhuman decisions, including the one mentioned above where a council of elders in south of Punjab, ordered to rape a woman, as there was allegation of her brother’s relationships with a girl of the rival tribe in 2002. 

According to Aurat Foundation’s data collected from various sources, a number of around 8500 cases of gender based violence reported in 2010. Again, these figures are only the tip of in iceberg as women in Pakistan, having less faith in criminal justice system, re-victimization and facing social taboos, hardly report such crime. Moreover, certain forms of violence are not even recognized as a crime under the law. The violence faced by women in domestic sphere is always considered as a private affair and is not cognizable. Pakistan, despite having the highest number of honor related killings in the world, still carries such legislations which allow the legal heirs to forgive the perpetrator of such crimes. Some unofficial resources described this number as high as upto 3000 an year. 

The recent decision of Supreme Court on Mukhtaran Mai case has widely disappointed the women of Pakistan who stands against the barbarism and crimes against women by society and state. Mukhtaran Mai is amongst those courageous women who believes that the silence against cruelty is an abetment to cruelty and stood against the outrageous acts against her. The case was a combination of 2 different legal systems, rape charges under Sharia Law while the anti-terrorism and abetment charges under Common (Anglo-Saxon Law). The trial court announced her judgment on 31 August 2002, sentencing six out of fourteen accused to death.  In the meanwhile, Ms Mai, who belongs to low socio-educative class, decided to establish her organization (Mukhtar Mai Women Welfare Organisation) to raise education level of girls in her area and established two schools. In March 2005, Lahore High Court reversed the order by the trial court and acquitted 5 out of 6 convicted while the death of six accused was commuted to life imprisonment. In the meanwhile, highest Islamic court intervened and suspended high court order, saying that the high court does not have jurisdiction to try the offences under sharia law. 

Having conflict among two higher courts, the Supreme Court (most superior court) intervened and announced that Supreme court will hear the appeals and temporarily suspended the high court decision of acquittal of 5 accused person. The final decision of the Supreme Court was announced a week ago when she upheld the High Court decision and acquitted 5 accuse person. Shaken Mukhtaran Mai, while interviewing after judgment said that “why courts in Pakistan have kept her hanging to wait, if the decision was going to be such unjust”. 

The decision came to the wide public criticism and civil society organizations & networks as well. Networks such as Mumkin EVAW Alliance and Insani Haqooq Ittehad showed their great dismay over the decision and term Supreme Court decision as a reflection of Gender biased and inefficient criminal justice system. 

Justice System in Pakistan carries a great trust deficit by the marginalized sections of society including women, religious minorities, and labor organizations. Gender based violence cannot be eliminated fully unless the criminal justice in Pakistan in made uniformed, unbiased and effective. 

Ali Imran, is a Pakistani lawyer and human rights activist. 

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8 avril: Journée internationale des Roms: « Refuser la criminalisation de la précarité dans un contexte économique dégradé »

Posté par Jérôme Larché le 6 avril 2011

Les altercations bruxelloises liées à la désormais fameuse « circulaire du 5 août 2010 », relative à l’évacuation des campements illicites et des expulsions de Roms[1], entre le Président français Nicolas Sarkozy et le Président de la Commission Européenne, José Manuel Barroso, ont peut-être occulté les enjeux soulevés par la présence des ces populations. Depuis le discours présidentiel à l’Elysée du 28 juillet dernier, près de 200 campements ont été évacués et plusieurs milliers d’expulsions « volontaires » ont déjà été effectuées par les autorités françaises, par bus comme par charters. 

Un « nomadisme » historique  

 Dans les 47 Etats du continent européen, du Portugal à la Russie, le nombre de Roms est estimé à environ 11 millions, dont seulement 15000 en France, soit 0,14% du nombre total de Roms ! A la différence des « gens du voyage » (manouches, tziganes, gitans, sintis,…), les Roms sont des migrants venus d’Europe de l’Est, principalement de Roumanie et de Bulgarie. Sédentarisés, pour les derniers, pendant la période communiste, ils ont repris la route à la recherche de meilleures conditions de vie lorsque l’imposition du système capitaliste sur le bloc de l’Europe de l’Est a mis en péril leur logement, leur travail, et leur accès aux soins gratuits. Malheureusement, la non-maîtrise d’une langue étrangère, leur faible niveau d’éducation, et un mode de vie différent des autres, leur ont parfois imposé des stratégies de survie qui dégradent leur image. Ainsi, bien qu’étant un héritage historique remontant à l’époque byzantine, le nomadisme des Roms est un mode de vie qui contribue depuis longtemps à leur stigmatisation en Europe. Ces transhumances humaines sont-elles pour autant le choix d’une population résolument nomade, ou plutôt la nécessité de réfugiés économiques qui fuient la pauvreté et l’exclusion ? 

Une réalité socio-sanitaire difficile et qui se dégrade 

Comme toute communauté, les Roms obéissent à des codes et des lois internes, mais doivent aussi se plier aux exigences légales des pays qui les accueillent, et qu’ils traversent. Ils sont cependant supposés avoir accès, en tant que citoyens européens, aux besoins essentiels tels que la santé, l’éducation, un lieu de logement, la justice et surtout, comme ils le demandent prioritairement, avoir le droit de travailler. L’interdiction de travailler qui leur est faite par le gouvernement français les oblige de fait à ferrailler, mendier et développer des petits métiers tous interdits… Et donc à contrevenir à la loi ! On observe cependant, au sein de cette population,  une augmentation de la prostitution féminine et une augmentation de la prostitution masculine, principalement des mineurs pour ces derniers et notamment à Paris, ce qui rend la question du droit à l’éducation et au travail, cruciaux. Parfaitement documentées dans les rapports de diverses institutions européennes, les discriminations répétées subies par les Roms, en France comme en Europe, touchent aussi bien au domaine de l’éducation, du logement, de l’accès à l’emploi, de la santé, quand il ne s’agit pas d’incitations à la violence, perpétrées par des hommes politiques. Les associations travaillant auprès des populations Roms depuis de nombreuses années, en France comme à l’étranger (dans l’accompagnement de programmes de réinsertion en Bulgarie, par exemple), sont parfaitement conscientes des difficultés et des contraintes de leur situation. Elles n’ignorent pas pour autant que certains délits sont parfois commis, comme ils le sont par d’autres personnes, mais elles refusent la pénalisation d’une communauté entière, pour les agissements de quelques uns. Un verdict collectif, à l’inverse d’un verdict individuel, ouvre, de fait, la porte à de fausses et dangereuses conclusions. Un espace d’action et de réflexion existe, un espace construit sur le réel et non pas sur des visions simplistes, teintées d’angélisme ou de cynisme. Face à la description d’une réalité fantasmatique déclinée par certains responsables politiques, il est possible de témoigner objectivement d’une réalité socio-sanitaire dans laquelle les populations Roms ne font pas figures de privilégiés. Ainsi, les données sanitaires de Médecins du Monde montrent le degré de précarité auquel sont confrontées les familles Roms : mortalité néonatale précoce de 1,9% (vs population française : 0,22%), mortalité infantile de 2,35% (vs population française : 0,48%), espérance de vie entre 50 et 60 ans, taux de couverture vaccinale à jour de 15% des moins de 7 ans et 5% des adultes, taux d’incidence de tuberculose de 250/100 000 (vs population française : 8,9/100 000). 

Une irresponsabilité politique calculée et dangereuse 

Dans un contexte de crise économique durable, où la perte d’un emploi peut signifier la perte de tout, la rétractation sociale et le réflexe sécuritaire sont compréhensibles, à défaut d’être légitimes. Leur instrumentalisation, en vue des élections présidentielles de 2012, par des propos stigmatisants sur des minorités déjà précarisées comme les Roms, relève d’une stratégie aux risques mal calculés.  Plus qu’une  dérive raciste dénoncée par certains, il s’agit avant tout d’une certaine forme d’irresponsabilité politique. Comme en Italie il y a quelques mois, et aujourd’hui en France, elle ouvre les portes au populisme et aux exactions de certains de nos concitoyens à l’encontre des Roms et des acteurs de la solidarité en faveur des Roms. Pour demeurer une puissance politique respectée, le gouvernement français doit garder la tête froide et ne pas chercher d’illusoires boucs-émissaires aux tensions engendrées par la crise économique mondiale. La communauté internationale, de l’ONU au Vatican en passant par l’Union Européenne et certains Etats, a exprimé son inquiétude au vu des politiques actuellement menées sur le thème de l’immigration et de l’insécurité, et particulièrement celles qui, depuis quelques semaines, ciblent les Roms. La récente polémique européenne, suite aux propos du Commissaire européen aux droits fondamentaux sur la « circulaire du 5 août 2010 », comme sa prompte réécriture ministérielle, témoignent à la fois des tensions engendrées et de la position inconfortable de la France sur la scène internationale.  Face à ce constat et ce contexte, il n’est pas souhaitable de rentrer dans une polémique simplificatrice et démagogique mais il faut espérer que les mises en gardes internationales, très dures pour certaines à l’égard de la France, seront entendues par le gouvernement, pour que cesse cette politique de stigmatisation et de criminalisation de la précarité. Au vu des nombreux conflits (Rwanda, Balkans, Darfour) où la généralisation de méfaits attribués à un groupe spécifique de population a souvent constitué le prélude à des violences de tous ordres, il faut refuser aujourd’hui la démagogie qui entoure les discours et les actes sur la question sensible des Roms en France et en Europe. En raison des complexités de cette problématique, seules la pédagogie et la tolérance permettront d’aborder les nuances du  « réel » et de chasser les certitudes du « fantasme ». Sans angélisme, mais en refusant catégoriquement les amalgames stigmatisants et la criminalisation de la précarité dans un contexte économique dégradé… 

(article déjà publié sur ce site en septembre 2010)


[1] Le mot « Roms » est cité 11 fois sur un document de 3 pages !

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Grotius: 2 ans et pleins de projets en tête…

Posté par Jérôme Larché le 4 avril 2011

Grotius: 2 ans et pleins de projets en tête... dans COUPS DE COEUR tgfa_ban5

 

 Grotius.fr                                                                                                                  Edition de mars 2011

Chaque mois Grotius.fr, thématique média et humanitaire, vous propose des

reportages, des analyses et des entretiens de qualité.



Grotius.fr ou la géopolitique de l’humanitaire…


Grotius.fr a deux ans. La première édition de ce mensuel d’analyse et de reportage sur l’action

humanitaire et les discours médiatiques en temps de crise est sortie le 2 avril 2009. L’aventure se

poursuit, sans relâche. Le Comité de rédaction, en cette date anniversaire, se renforce :

Jérôme Larché,médecin, Chercheur associé à la Fondation pour la Recherche Stratégique,

rejoint notre équipe en la qualité de Directeur délégué.

Autres arrivées importantes :

Mathilde Goanec qui dirige le Pôle Eurasie,

Jean-Jacques Konadjé en charge du Pôle Afrique,

Jérôme Diaz en charge du Pôle Moyen-Orient et Maghreb et

Soline Richaud qui aura la lourde tâche de s’occuper de la rubrique Santé internationale.

Nous les remercions.

A  la Une

Catastrophes technologiques et nucléaires, grandes pandémies :
les nouvelles frontières de l’humanitaire ?

Une analyse de François Grünewald.

Editorial

Savoir raison garder : les musulmans sont déjà dans la République.
Cette Tribune publiée dans Le Monde et sur Grotius.fr est signée par
Olivier Bobineau, chercheur au Groupe Sociétés Religions Laïcités (EPHE/CNRS) ;
Charles Coutel, professeur des universités ;
Philippe Portier, directeur d’études à l’EPHE ;
Stéphane Lathion, chercheur au Groupe de Recherche sur l’Islam en Suisse ;
François Mabille, professeur à l’université catholique de Lille ;
Émile Poulat, directeur d’études à l’EHESS ;
Jean-Paul Willaime, directeur d’études à l’EPHE.

Analyse

Regards du Monde sur l’Europe…
Par Dominique Kerouedan, Malik Dzhanaliev

Reportage

Pour ne pas oublier Tata Cissé…
Par Soline Richaud. Depuis cette rencontre, une année est passée…

Monde

L’écotourisme comme facteur d’ethnicisation de la société kirghize post-soviétique,
Par Johanne Pabion Mouriès

Pôle Eurasie
France-Russie : « Les dirigeants français ont abandonné l’idée d’aider la société civile russe… »
Un entretien avec Cécile Vaissié, professeur en études russes et soviétiques
à l’Université de Rennes 2, et spécialiste du monde intellectuel russe et soviétique,
réalisé, par Mathilde Goanec


Pôle Afrique
« L’homme africain » n’est pas hors de l’Histoire…
Par Jean-Jacques Konadjé

Urgence et Post-Crise
Ushahidi, un outil au service des crises…
Par Arnaud Bébien

Dossier
Monde arabe : de la révolte à la révolution ?
 

Retrouvez toutes nos rubriques habituelles :
Sur notre Agenda
, Débats, Pôle Amériques, Politique, Afrique, Société civile



Si vous désirez nous contacter, nous proposer un texte ou faire un commentaire :

jjlouarn@yahoo.fr  ou ggrilhot@yahoo.fr 

Bonne lecture !

 L’équipe de Grotius.fr

 

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« Des Routes Humanitaires » fête ses 1 an

Posté par Jérôme Larché le 1 avril 2011

Un grand merci à tous les lecteurs-visiteurs du site « Des Routes Humanitaires » qui font vivre ce site par leurs passages et leurs commentaires. Cool

L’année 2011 s’annonce encore riche en évènements et situations, propices à des réflexions de fond mais aussi à des coups de gueule (et de coeur)!

N’hésitez pas à continuer à m’envoyer vos commentaires pour améliorer la forme et le fond de cet espace libre pour la pensée et la parole, sur les sujets concernant l’Humanitaire…mais pas seulement.

Le « taulier », Jérôme Larché

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Le triple échec de la responsabilisation des malades

Posté par Jérôme Larché le 10 décembre 2010

 Lu dans Le Monde (édition du 10 cdécembre 2010)

Par David Belliard, journaliste, et Alix Beranger, experte pour la Fondation de France et consultante sur les questions de santé et d’action sociale

En instaurant un droit annuel d’entrée de 30 euros pour les bénéficiaires de l’Aide médicale d’Etat (AME), le gouvernement franchit une nouvelle étape dans sa politique de responsabilisation des malades. Fondée sur le postulat que notre état de santé dépend principalement de nos comportements individuels, cette politique vise à freiner l’accès aux soins à des malades au motif que la solidarité nationale ne doit pas prendre en charge ce qui relèverait de choix individuels. Suspectés a priori de profiter du système, les usagers sont de plus en plus mis à contribution. L’instauration du « 1 euro non remboursable » en 2004, les franchises médicales de 50 euros maximum en 2008, l’augmentation du forfait hospitalier à 18 euros en 2009 répondent au même objectif que les 30 euros de droit annuel pour l’AME : diminuer les dépenses de santé en « responsabilisant » les usagers.

En instaurant un droit annuel d’entrée de 30 euros pour les bénéficiaires de l’Aide médicale d’Etat (AME), le gouvernement franchit une nouvelle étape dans sa politique de responsabilisation des malades. Fondée sur le postulat que notre état de santé dépend principalement de nos comportements individuels, cette politique vise à freiner l’accès aux soins à des malades au motif que la solidarité nationale ne doit pas prendre en charge ce qui relèverait de choix individuels. Suspectés a priori de profiter du système, les usagers sont de plus en plus mis à contribution. L’instauration du « 1 euro non remboursable » en 2004, les franchises médicales de 50 euros maximum en 2008, l’augmentation du forfait hospitalier à 18 euros en 2009 répondent au même objectif que les 30 euros de droit annuel pour l’AME : diminuer les dépenses de santé en « responsabilisant » les usagers.

Cette politique est un échec. Sur le plan social, elle a eu pour principal effet l’augmentation spectaculaire des inégalités en matière d’accès aux soins. L’instauration des franchises tout comme les vagues de déremboursements de médicaments ont diminué le niveau de prise en charge des soins par l’Assurance-Maladie. Par ailleurs, les dépassements d’honoraires dans les grandes agglomérations et les déserts médicaux dans les zones rurales ou montagneuses creusent l’écart entre ceux qui peuvent s’offrir une visite chez le médecin et les autres. Les conséquences sont extrêmement lourdes pour les populations les plus précaires bien sûr, mais aussi pour les travailleurs pauvres et, fait nouveau, pour une partie de la classe moyenne. Près de 9 millions de personnes ont renoncé à des soins pour raisons budgétaires en 2008.

Cette situation est dramatique sur le plan sanitaire. En effet, plus la prise en charge d’une pathologie est retardée, plus les risques d’aggravation et de complication augmentent. L’hôpital, et notamment les services d’urgence, deviennent le principal lieu d’accueil pour une part toujours plus grande de la population à un moment où les établissements hospitaliers sont particulièrement fragilisés par des fermetures et la mise en œuvre d’une réforme « Hôpital, patients, santé, territoires » incompréhensible et incohérente. In fine, ni la médecine de ville, trop chère ou trop rare, ni l’hôpital, désorganisé et sous-dimensionné, ne sont plus en capacité d’accueillir et d’accompagner dans de bonnes conditions un nombre croissant de malades.

SOLIDARITÉ NATIONALE

Malgré ces résultats désastreux, nos dépenses de santé ont continué d’augmenter dans les mêmes proportions que pour les autres pays de l’OCDE. L’amélioration constante des soins et, dans une moindre mesure, le vieillissement de la population continuent à favoriser l’augmentation des dépenses, sans que les mesures de responsabilisation des usagers ne parviennent à les contenir. Parallèlement, la crise économique a mécaniquement provoqué la diminution des recettes de l’Assurance-Maladie et accentué son déficit. Les bricolages du gouvernement sur le transfert de la dette sociale à la Caisse d’amortissement de la dette sociale (CADES) montrent qu’aucune réflexion n’a été menée pour résoudre de manière pérenne les besoins de financements de notre système de santé.

A la politique de responsabilisation, inefficace et contre-productive en termes de santé publique, doit répondre une autre logique fondée sur la solidarité nationale et l’accès aux soins pour tous et toutes. Les lignes de cette nouvelle politique sont déjà connues : plus grand effort sur la prévention, remodelage de la chaîne de soins en vue d’une meilleure articulation des acteurs entre eux, réforme des modes de rémunération des médecins en ville, indépendance des praticiens et des malades vis-à-vis du « business » de la santé, prise en compte effective des facteurs environnementaux, sociaux et culturels dont les conséquences sur notre état de santé sont prégnants, et refonte des modes de financements de l’Assurance-Maladie. Cette nouvelle politique de santé publique exige de l’ambition et du courage. Ce sont les conditions au renouveau de notre système de santé.

Cette politique est un échec. Sur le plan social, elle a eu pour principal effet l’augmentation spectaculaire des inégalités en matière d’accès aux soins. L’instauration des franchises tout comme les vagues de déremboursements de médicaments ont diminué le niveau de prise en charge des soins par l’Assurance-Maladie. Par ailleurs, les dépassements d’honoraires dans les grandes agglomérations et les déserts médicaux dans les zones rurales ou montagneuses creusent l’écart entre ceux qui peuvent s’offrir une visite chez le médecin et les autres. Les conséquences sont extrêmement lourdes pour les populations les plus précaires bien sûr, mais aussi pour les travailleurs pauvres et, fait nouveau, pour une partie de la classe moyenne. Près de 9 millions de personnes ont renoncé à des soins pour raisons budgétaires en 2008.

Cette situation est dramatique sur le plan sanitaire. En effet, plus la prise en charge d’une pathologie est retardée, plus les risques d’aggravation et de complication augmentent. L’hôpital, et notamment les services d’urgence, deviennent le principal lieu d’accueil pour une part toujours plus grande de la population à un moment où les établissements hospitaliers sont particulièrement fragilisés par des fermetures et la mise en œuvre d’une réforme « Hôpital, patients, santé, territoires » incompréhensible et incohérente. In fine, ni la médecine de ville, trop chère ou trop rare, ni l’hôpital, désorganisé et sous-dimensionné, ne sont plus en capacité d’accueillir et d’accompagner dans de bonnes conditions un nombre croissant de malades.

SOLIDARITÉ NATIONALE

Malgré ces résultats désastreux, nos dépenses de santé ont continué d’augmenter dans les mêmes proportions que pour les autres pays de l’OCDE. L’amélioration constante des soins et, dans une moindre mesure, le vieillissement de la population continuent à favoriser l’augmentation des dépenses, sans que les mesures de responsabilisation des usagers ne parviennent à les contenir. Parallèlement, la crise économique a mécaniquement provoqué la diminution des recettes de l’Assurance-Maladie et accentué son déficit. Les bricolages du gouvernement sur le transfert de la dette sociale à la Caisse d’amortissement de la dette sociale (CADES) montrent qu’aucune réflexion n’a été menée pour résoudre de manière pérenne les besoins de financements de notre système de santé.

A la politique de responsabilisation, inefficace et contre-productive en termes de santé publique, doit répondre une autre logique fondée sur la solidarité nationale et l’accès aux soins pour tous et toutes. Les lignes de cette nouvelle politique sont déjà connues : plus grand effort sur la prévention, remodelage de la chaîne de soins en vue d’une meilleure articulation des acteurs entre eux, réforme des modes de rémunération des médecins en ville, indépendance des praticiens et des malades vis-à-vis du « business » de la santé, prise en compte effective des facteurs environnementaux, sociaux et culturels dont les conséquences sur notre état de santé sont prégnants, et refonte des modes de financements de l’Assurance-Maladie. Cette nouvelle politique de santé publique exige de l’ambition et du courage. Ce sont les conditions au renouveau de notre système de santé.

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