ONG: comment prévenir les risques de corruption?

Posté par Jérôme Larché le 30 avril 2010

Le 29 mars dernier s’est tenu, à l’initiative de Transparence International France (branche française de Transparency International) la première conférence en France sur les questions de transparence et de corruption concernant les ONG, et qui réunissait des participants de l’Agence Française du Développement (AFD), de Coordination Sud (plateforme des ONG de solidarité françaises), du Comité de la Charte, et de Médecins du Monde.

Le compte-rendu de la réunion vient de sortir, et est disponible sur le site web de Transparence International.

Pour ceux qui ne peuvent pas attendre, voici le compte- rendu (en pdf)ONG: comment prévenir les risques de corruption? dans Transparence et corruption pdf crconference29032010.pdf

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Les vertus cachés des bidonvilles

Posté par Jérôme Larché le 29 avril 2010

A lire ce mois dans l’excellente revue Books (n°13), un article sur les « vertus cachés des bidonvilles », dont je vous livre quelques extraits:

« On les voit comme des îlots de misère et d’insalubrité, et ils le sont. Mais les bidonvilles sont aussi bien autre chose : de véritables laboratoires urbains où s’inventent des manières de faire très économes en ressources et en énergie. Ce qui fait d’eux les meilleurs élèves d’une classe globalement vertueuse en matière d’environnement, les villes. Car, n’en déplaise aux esprits nostalgiques, à Bombay comme à New York, les citadins respectent davantage la planète que les autres.

En 1983, l’architecte Peter Calthorpe laissa tomber San Francisco, où il avait tenté sans succès d’organiser des communautés de quartier, pour emménager sur un bateau à Sausalito, sur la baie de San Francisco. Il échoua sur le South 40 Dock, où j’habite aussi, segment d’un ensemble de quatre cents maisons flottantes qui possède la plus forte concentration de logements de toute la Californie. Sans aucun effort, il s’était créé là une communauté animée et fière d’elle-même, où nul ne verrouillait sa porte.

Cherchant à identifier ce qui, dans sa conception, la faisait ainsi fonctionner, Calthorpe s’avisa que c’était le dock lui-même, et la densité de population. Tous les habitants passaient à pied chaque jour devant les bateaux des uns et des autres, au gré de leurs allées et venues entre le ponton et le parking. Tous connaissaient les visages, les voix et les chats de leurs voisins. C’était une communauté, jugea Calthorpe, parce qu’on pouvait y marcher. Fort de cette intuition initiale, il devint l’un des fondateurs du new urbanism, avec Andrés Duany, Elizabeth Plater-Zyberk et d’autres. En 1985, il imagina le concept de « potentiel piétonnier » dans « Redéfinir les villes », un article publié par la « Whole Earth Review », un magazine alternatif américain traitant des questions de technologie, de vie collective et d’environnement. Depuis, le « nouvel urbanisme » est devenu le courant dominant en matière de planification urbaine, préconisant forte densité, mixité d’usage (logements et bureaux), possibilité de marcher et développement des transports en commun. Il a ainsi tiré l’une de ses principales idées du quartier de maisons flottantes de Sausalito… »

Une façon aussi de positiver et de saisir les opportunités de la vie, même quand elle est difficile…

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Charity-business et spéculation: le (mauvais) exemple de la Fondation Carla Bruni?

Posté par Jérôme Larché le 29 avril 2010

             Qui a dit que l’argent n’avait pas d’odeur? La polémique qui nait aujourd’hui concernant la provenance de certains fonds finançant la Fondation Carla Bruni est instructive… En effet, il semblerait que la Première Dame de France ait accepté pour sa fondation, une somme d’1,5 million d’euros de John Paulson, un banquier spéculateur. Celui ci aurait engrangé des bénéfices de l’ordre de 5,7 milliards de dollars en 2007 et 2008 en spéculant sur la baisse des subprimes, ces produits financiers toxiques de l’immobilier américain. Cette information, fournie par le Telegraph dans son édition du 23 avril 2010, intervient alors que son mari de Président s’active pour moraliser le capitalisme financier et dans une période où il est demandé aux ONG humanitaires de faire preuve de plus de transparence, comme le préconise Transparency International.

sarkoetlesmechantsspeculateurs.jpg 

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Une « incomprehensive approach »

Posté par Jérôme Larché le 29 avril 2010

  Il est désormais très politiquement correct de promouvoir une approche globale, intégrée (ou pour reprendre la terminologie anglosaxonne otannienne « comprehensive approach ») pour répondre aux crises complexes, et particulièrement aux conflits armés. Que ce soit en Afghanistan, en République Démocratique du Congo ou au Darfour, le principe de l’action intégrée, censée garantir efficacité, efficience et impact, est avancé comme un dogme que seuls des irresponsables (en l’occurence les ONG) pourraient remettre en cause. Ce nouveau paradigme de réponse aux crises, poussé par les promoteurs de la « paix libérale » (comme Kofi Annan) mais aussi par les dirigeants politiques de l’OTAN et maintenant de l’Union Européenne, est basé sur une compréhension commune des problèmes amenant à un « objectif commun ». Malheureusement, il repose sur une double erreur conceptuelle.

Premièrement, il est basé sur l’hypothèse (non vérifiée au départ et qui se dément tous les jours sur le théâtre afghan) qu’apporter de la sécurité et de l’aide suffisent à créer et entretenir un degrè d’acceptation important, à même de fournir un climat propice à une paix durable. Le concept de l’intégration adopte donc une vision linéaire dans la causalité des conflits, niant la complexité, la récursivité et les contradictions aussi bien des acteurs que des problématiques à la source de ces conflits. Comme en médecine, quand le diagnostic initial n’est pas correct, le traitement administré n’est pas le bon, et le patient ne guérit pas! L’urgence est plus souvent diagnostique que thérapeutique…

Deuxièmement, ce concept d’intégration est basé sur une vision universelle de ce que le monde occidental appelle « aide et sécurité », et qui pourtant n’est pas universellement compris…et accepté. En Afghanistan, et dans beaucoup de pays d’Afrique, les responsables priorisent sans équivoque leur autonomie politique plutôt que les bénéfices non garantis des stratégies d’intégration.

Aujourd’hui, il semblerait que les Nations unies aient un discours moins ambitieux et plus pragmatique sur la question de l’intégration (l’échec de la MINUAD au Darfour n’y étant pas étranger) mais l’OTAN poursuit, au contraire, une stratégie de propagande offensive sur la question de l »approche intégrée (« compréhensive approach »), en dépit des échecs constatés sur le terrain (notamment en Afghanistan) et des contre-feux allumés par les ONG qui, pour certaines d’entre elles, sont présentes dans le pays du « Grand jeu » depuis plus de 30 ans.

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Faut-il fermer le centre de rétention administrative de Mayotte?

Posté par Jérôme Larché le 26 avril 2010

Les collectifs Migrants Mayotte et Migrants Outre-Mer ont publié le 9 février 2010 le communiqué de presse suivant:

             « Par six saisines simultanées du Comité contre la torture des Nations Unies, du Commissaire aux Droits de l’Homme et du Comité européen pour la prévention de la torture du Conseil de l’Europe ainsi qu’au niveau national du Contrôleur général des lieux de pr ivation de liberté, de la Défenseure des enfants et, par voie indirecte, de la Commission nationale de déontologie de la sécurité, les collectifs Migrants Mayotte et Migrants Outre-mer (Mom) entendent obtenir :

* la fermeture d’un des pires bas-fonds ultramarins de la République, le centre de rétention de Pamandzi à Mayotte ;

* la fin d’un droit d’exception qui fabrique des « clandestins » en dépit des normes internationales et les prive notamment de tout accès à un recours effectif contre une mesure d’éloignement.

http://www.dailymotion.com/video/x7rdn9

         La commission nationale de déontologie de la sécurité avait déjà dénoncé, par un avis en date du 14 avril 2008, ce centre de rétention administrative (CRA) « indigne de la République ». Au mois de juillet 2008, le Comité des droits de l’homme de l’ONU avait exprimé son « inquiétude » sur « la situation des mineurs non accompagnés placés dans de tels centres de rétention » en Outre-mer. Le Commissaire aux Droits de l’homme du Conseil de l’Europe, après une visite en France en mai 2008, a appelé les autorités françaises « à ce que les droits de l’homme et la dignité humaine soient respectés dans l’ensemble des centres de rétention et que les conditions de vie offertes aux étrangers retenus à Mayotte soient immédiatement améliorées ».

Le 18 décembre, Contrôleur général des lieux privatifs de liberté estimait que « la situation du centre de rétention de Pamandzi est préoccupante » et qu’il dépêcherait dès que possible « sur place une mission pour procéder à une analyse approfondie de la situation et faire les recommandations qui s’imposent ».

          Ce CRA de Mayotte n’est cependant que la partie visible de l’iceberg des violations des droits du tiers de la population vivant Mayotte qualifié de « clandestin ». Cela commence par la « fabrique de sans-papiers » par le refus de titres de séjour censés être de plein droit ou par les obstacles rencontrés par des Français être reconnus comme tels. Cela se poursuit, par 16000 de ces « clandestins », soit un 10ème de la population, éloignés chaque année depuis 2006. Ces chiffres impressionnants ne sauraient être atteints sans des violations massives des droits de l’homme. Les faits sont est parfaitement connus depuis plusieurs années des autorités policières, judiciaires, ministérielles ainsi que des commissions parlementaires qui se sont rendues sur l’île. L’ensemble des contrôles exercés par ces autorités ont pourtant été défaillants et ont laissé perdurer cette situation.Les Collectifs Migrants Mayotte [1] et Migrants Outre-mer (Mom) [2] demandent à la France de prendre la mesure du caractère insupportable dans un État de droit de procédures d’exception conduisant à des violations systématiques des droits de l’Homme.« 

 

Concrètement, les contrôles quotidiens effectués sur le territoire de Mayotte ont permis l’interpellation depuis le début de l’année 2010 d’au moins 5000 personnes en situation irrégulière. Si le rythme reste identique, cela représenterait aux alentours de 20000 / an, et constituerait un nouveau record (?!).

Communiqué et texte de la saisine en ligne http://www.gisti.org/spip.php ?article1376

Notes

[1] Cimade Mayotte ; CCCP (Coordination pour la Concorde, la convivialité et la paix) ; Médecins du monde Mayotte ; Resfim (Réseau éducation sans frontières île de Mayotte) et Solidarités-Mayotte

[2] ADDE (avocats pour la défense des droits des étrangers) ; AIDES ; Anafé (association nationale d’assistance aux frontières pour les étrangers) ; CCFD (comité catholique contre la faim et pour le développement) ; Cimade (service œcuménique d’entraide) ; Collectif Haïti de France ; Comede (comité médical pour les exilés) ; Gisti (groupe d’information et de soutien des immigrés) ; Elena (les avocats pour le droit d’asile) ; Ligue des droits de l’homme ; Médecins du monde ; Secours Catholique / Caritas France

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Les ONG humanitaires: victimes et sentinelles des conflits armés

Posté par Jérôme Larché le 25 avril 2010

       La nature des conflits armés s’est profondément modifiée depuis la chute du Mur de Berlin et les attaques terroristes du 11 Septembre 2001. L’internalisation, l’urbanisation, l’instrumentalisation ethnico-religieuse, l’asymétrie et la privatisation (au moins partielle) de ces conflits se sont imposés. Cette nouvelle grille de lecture complexe et fragmentée tente d’être intégrée par les ONG humanitaires, pour lesquelles « humanité, impartialité, indépendance» restent des principes intangibles. Ce cadre éthique et opérationnel doit servir de repère au dilemme auquel nous sommes confrontés en permanence sur les terrains, qui nous fait naviguer en permanence entre une attitude pragmatique et le respect des principes de l’action humanitaire. 

hivernucleaire.jpgPar leur souplesse et leur flexibilité, les ONG peuvent se permettre d’initier des programmes innovants et originaux  dans des environnements instables, à l’instar des programmes de réductions des risques menés pour les toxicomanes en Serbie ou en Afghanistan. L’accès aux populations civiles est aujourd’hui essentiellement dicté par des contraintes de sécurité, aux facteurs multiples et enchevêtrés, et pour lesquelles il s’agit de développer des réponses locales et contextuelles, sans dogmatisme ou idées préconçues. L’enjeu de la sécurité est devenu pour les ONG bien plus qu’une simple composante opérationnelle. Nouveau paradigme de l’humanitaire pour les uns, il peut aussi devenir pour d’autres, alibi d’une intervention armée ou de corridors humanitaires. Néanmoins, les ONG ont aussi un devoir de responsabilité, aussi bien en termes d’efficience et de qualité des programmes, que de transparence dans la mise en œuvre de ceux-ci. 

Depuis la fin du siècle dernier, on peut s’interroger sur les nouvelles dynamiques des conflits qui secouent la planète. Dans ce contexte, le rôle des humanitaires semble devenu plus exigeant, plus complexe, et certainement plus dangereux qu’avant. L’accès à des territoires contigus et la captation de ressources naturelles telles l’eau, le bois, les terres de pâturages, voire le pétrole, sont devenus des enjeux majeurs. Parallèlement à ces causes « pragmatiques », une idéologisation ethnique et religieuse de la haine de l’autre a été orchestrée par différents protagonistes, aboutissant à des massacres de voisinage, à une fragmentation de sociétés déjà fragilisées et à une altération durable de leurs capacités endogènes de reconstruction. La responsabilité de sécurité incombe à chaque ONG et impose plus que jamais une lecture pertinente des déterminants en présence.  Afin de comprendre et de quantifier le phénomène d’insécurité, plusieurs études ont déjà été menées. Une étude réalisée en 2000, et fondée sur l’analyse de 382 décès de travailleurs humanitaires survenus entre 1985 et 1998, a montré que les actes de violence intentionnelle seraient à l’origine de 68% des décès[1]. Il s’agit plutôt d’hommes (90%), souvent expérimentés (âge moyen légèrement inférieur à 40 ans), dont le décès survient, pour un tiers des cas, dans les trois premiers mois de la mission. L’assassinat délibéré de plusieurs travailleurs humanitaires, que ce soit en République Démocratique du Congo, au Rwanda, en Tchétchénie ou en Irak, révèle à quel point l’emblème des ONG ou des organismes internationaux humanitaires n’est plus protecteur, mais peut constituer une cible. Une cible facile : une « soft target ». Une étude plus récente[2] indique que 83 acteurs humanitaires ont perdu la vie en 2006, soit trois fois le nombre de soldats tués en mission de maintien de la paix pour les Nations Unies.  Le même rapport conclue que « les organisations humanitaires ont largement échoué à considérer l’éthique de transférer le risque vers des personnels ou des locaux ou des ONG locales ». En effet, les personnels nationaux représentent 80% des victimes des incidents de sécurité qui touchent les acteurs humanitaires. De plus, la prise en compte systématique du personnel local est loin d’être systématique dans les plans d’évacuation ou les formations à la sécurité. Cette situation est d’autant plus paradoxale que ce sont justement ces personnes qui seront les plus exposées à d’éventuelles représailles ou mesures de rétorsion après le départ des équipes expatriées. Il s’agit donc d’un véritable devoir de responsabilité auquel doivent faire face les ONG internationales, notamment sur les terrains de conflit. La dernière étude réalisée en 2009 montre clairement la relation entre conditions de sécurité et accès aux populations. 

Il parait important de décrypter la signification du mot « sécurité », qui n’est pas la même selon les divers acteurs, et qui conditionne grandement la réponse faite. Avant tout, la sécurité ne doit pas être uniquement considérée sur son mode opérationnel, mais également comme d’un sujet politique qui vient questionner l’action humanitaire sur son indépendance et sur la façon dont elle affirme son identité propre face aux autres acteurs. On peut schématiquement distinguer deux grilles de lecture,  l’une formatée et très procédurale, l’autre plus souple et moins normative. La première option, adoptée notamment par les agences onusiennes et des ONG anglo-saxonnes, privilégie l’usage de la dissuasion avec ses aspects militaires, comme par exemple les escortes armées, et logistiques comme l’utilisation de matériel perfectionné de télécommunication. Leur stratégie primordiale consiste en l’établissement de procédures formelles et strictes de sécurité. D’autres ONG, à l’instar de Médecins du Monde, essayent toutefois d’adopter une autre approche, moins normative, qui consiste à analyser avec justesse, dans une dynamique de réseaux, la situation locale et les enjeux qui s’y rapportent, afin den avoir la meilleure compréhension possible, et de pouvoir pro-activement adapter programmes et comportements. Néanmoins, le respect de règles de sécurité adaptées à chaque contexte, associé à la formation correcte du personnel, constituent des exigences valables pour chaque ONG. Il parait donc important de ne pas s’enfermer dans une problématique de « sécurité sécuritaire » mais, au contraire, de décloisonner la sécurité en termes de perception, d’acceptation, de démarche inclusive des populations locales, de contextualisation dynamique et de grande flexibilité des programmes. Il faut que chaque ONG l’intègre pleinement à sa propre culture identitaire et privilégie la relation à l’autre.  Dans ce champ humanitaire devenu si complexe, l’enjeu de la sécurité est également celui de la survie d’un espace humanitaire indépendant, d’une action de proximité et d’une capacité conservée de témoignage. En bref, il s’agit de s’ouvrir au monde et non de se fermer. La situation en Irak, et notamment à Bagdad, où quasiment plus aucune ONG occidentale ne travaille, et où Margaret Hassan – de l’organisation CARE – a été kidnappé et a trouvé la mort en novembre 2004, malgré la présence à ses côtés de gardes armés, montre bien les limites du concept de sécurité sécuritaire, mais souligne aussi la nécessité d’un partage de l’information parmi les membres de la communauté humanitaire[3]. D’autres terrains, comme la Tchétchénie, paraissent un peu plus accessibles mais nécessitent des modalités opérationnelles innovantes comme le support à distance de programmes (« remote support »). Au Darfour, la nature disparate des actes de violences – associant banditisme, prédation et volonté délibérer d’instaurer la peur et d’empêcher la présence d’ONG internationales – cible les populations civiles et les travailleurs humanitaires, acteurs « non armés » de ce conflit. 

L’action humanitaire parait ainsi à la fois victime et sentinelle des conflits armés dans lesquels elle s’inscrit. Aujourd’hui plus qu’hier, l’accès aux populations vulnérables passe par la capacité des humanitaires à appréhender, comprendre, maîtriser leur environnement. Ce décryptage « intelligent » est également censé permettre de conserver les possibilités d’action et la liberté de témoigner que revendiquent les organisations humanitaires. 



[1] Sheik M. et al. British Medical Journal 2000 ; 321 : 161-168 

[2] Stoddard A. et al. Providing Aid in Insecure Environments: trends in policy and operations 2006. ODI-HPG

[3] Au moins deux tentatives de kidnapping avaient eu lieu sur d’autres expatriés dans le même secteur de la ville les jours précédents, mais l’information n’avait pas été diffusée.

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La nécessité de lutter contre les violences faites aux femmes

Posté par Jérôme Larché le 25 avril 2010

femmes223d87.jpg Depuis plusieurs années Médecins du Monde (MdM) met en œuvre, sur tous les continents, des actions de prévention et de réponse aux violences subies par les femmes. Ces interventions sont menées dans des contextes variés et concernent presque toutes les formes de violences perpétrées à l’encontre des femmes. Les équipes de MdM sont ainsi confrontées, dans la conduite de leurs activités, à des violences physiques, sexuelles, psychologiques, socio-économiques (accès aux soins) ou encore liées à des pratiques traditionnelles préjudiciables. Il peut s’agir de violences perpétrées à l’intérieur de la famille (domestiques), au sein du groupe social, ou encore commise au cours d’un conflit armé (les viols utilisés comme armes de guerre).  En réponse à ce large spectre des situations de violence, MdM met en œuvre plusieurs types d’actions et s’implique dans différents domaines d’intervention, destinés à répondre à la spécificité des besoins et de la prise en charge des femmes ayant été victimes de violences. Soigner est le premier mandat de Médecins du Monde. Cependant, pour répondre aux violences faites aux femmes, la prise en charge médicale est essentielle mais pas suffisante. Il faut savoir identifier, écouter la victime et la référer de manière appropriée afin de lui assurer un accès à un suivi psychologique, une assistance juridique et une aide sociale (réinsertion). C’est l’association de ces différentes interventions qui permet une véritable guérison et réhabilitation de la victime. Dans le contexte sensible des Violences Faites aux Femmes, l’action médicale peut également être une « porte d’entrée » permettant d’intervenir sur des questions de protections. MdM intervient aussi via des actions de prévention, de sensibilisation des communautés, de formation des professionnels (soignants et non-soignants) se trouvant sur le parcours de la victime, et de plaidoyer auprès des autorités. Au-delà des projets spécifiquement axés sur cette problématique (Guatemala, Algérie, Pakistan, Nicaragua, Moldavie, Haïti), Médecins du Monde intègre la prise en charge de femmes victimes de violences parmi les activités de programmes plus larges (Egypte, RDC, Niger, Pérou, Libéria).  En outre, MdM travaille aujourd’hui à renforcer la prise en compte des violences subies par les femmes dans l’ensemble de ses actions et plus particulièrement dans les projets de lutte contre le VIH/SIDA et de Santé Reproductive. Sur la plupart des terrains, Médecins du Monde travaille en appui et de concert avec des structures locales partenaires, institutionnelles ou issues de la société civile. C’est uniquement la collaboration de l’ensemble des acteurs et l’accès à des compétences variées qui offriront aux femmes ayant subie des violences la possibilité d’une reconstruction entière et pérenne. 

Considérant la multiplicité des contextes, la diversité des interventions et des partenaires, ainsi que l’ampleur du phénomène, MdM s’est engagé dans un développement plus structuré et un renforcement de ses actions touchant aux Violences Faites aux Femmes. Aujourd’hui, MdM met en œuvre une approche globale et pluridisciplinaire de la problématique des violences perpétrées contre les femmes et ce, à travers l’ensemble de ses programmes.

L’exposition « Femmes, après coup » est une installation photographique et sonore de Médecins du Monde pour dire les violences et témoigner des possibles reconstructions. Il s’agit de témoignages photo et audio de femmes victimes de violences recueillis par Lâm Duc Hiên, photographe, dans 7 des pays où MdM intervient : Guatemala, Haïti, Moldavie, Nicaragua, Pakistan, RDC (Goma et Kinshasa) et France. Catherine Hiegel de la Comédie Française prête sa voix à un audio guide, un récit dramaturgique qui accompagne le visiteur dans l’exposition, pour en savoir plus sur les violences, l’action de Médecins du Monde et nos demandes de plaidoyer. L’exposition est itinérante. Elle voyagera en France et en Europe dans les villes des délégations de Médecins du Monde. La question de présenter cette exposition sur les terrains est à l’étude actuellement. 

http://www.femmesaprescoup.com/

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Une ONG italienne accusée en Afghanistan

Posté par Jérôme Larché le 20 avril 2010

Le 10 avril dernier, des membres des forces de police et du renseignement ont investi l’hôpital dans lequel travaillent les membres de l’ONG italienne Emergency, à Lashkargard, la capitale de la province du Helmand. Trois italiens et six afghans de l’ONG otalienne, présente en Afghanistan depuis plusieurs années, et notamment dans cette région du Sud de l’Afghanistan ont été arrêtés et  inculpés  pour « terrorisme et assassinat, ainsi que de complot visant à tuer le gouverneur de la province, Golab Mangal. Ce dernier a notamment accusé le chef de mission d’Elmergency d’implication dans des détournements de fonds importants et de soutenir des activités terroristes, en lien avec les Talibans.

imageafgha.jpgLa gravité des accusations et la violation du droit international humanitaire lors de l’arrestation des travailleurs humanitaires a provoqué un choc dans la communauté humanitaire, notamment au sein d’ACBAR (l’association des principales ONG travaillant en Afghanistan) et de l’ONG Emergency qui rejette toutes les allégations, considérées « sans fondements ».  Les personnes arrêtées ont été transférées à Kaboul par la sécurité nationale afghane.Il est important de se rappeler que l’ONG  Emergency a travaillé dans les structures de santé des endroits les plus difficiles en Afghanistan, et particulièrement durant le règne des talibans en 2001. Finalement, le Directorat de la Sécurité Nationale a libéré le 18 avril 2010 les 3 italiens et 5 des 6 afghans initialement retenus, à la désapprobation du gouverneur de la province du Helmand. Travaillant dans des conditions difficiles sur le terrain tout en préservant neutralité et impartialité en termes d’accès aux soins, mais critiquant l’intervention militaire de la coalition, Emergency pourrait aussi payer le prix de paroles considérées comme dérangeantes…

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Comment fonctionnent les systèmes de santé dans le monde

Posté par Jérôme Larché le 19 avril 2010

Je vous recommande l’excellent article « Comment fonctionnent les systèmes de santé dans le monde » de Martine Bulard, paru dans le Monde Diplomatique de Février 2010. Outre le fait d’analyser globalement l’évolution des systémes de santé sur les cinq continents, il met en lumière la persistance et l’agravation des inégalités en terme d’accès aux soins, mêmme au sein des pays développés. Sans approche dogmatique, il confirme que la facture globale des dépenses de santé se révèle souvent moins lourde quand les protections sont collectives et que la part privée est la plus faible (comme au Japon ou en Suède). La privatisation progressive de la protection sociale en France, soutenue (comme c’est le cas aussi outre-Atlantique) par les lobbies de compagnies d’assurances, est donc un contre-sens économique, social, et maintenant historique depuis que le Président Obama a entrepris sa vaste réforme du systéme de santé aux Etats-Unis. Un article très bien documenté et qui doit inciter chacun d’entre nous à une réflexion de fond sur la société qu’il désire.

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La « saine distance » entre humanitaires et militaires/politiques

Posté par Jérôme Larché le 19 avril 2010

La lecture des contextes dans lesquels évoluent les acteurs humanitaires européens s’est profondément modifiée ces dernières années, notamment avec l’augmentation des terrains d’urgences complexes et de catastrophes, qu’elles soient naturelles ou induites par l’homme. Ces acteurs sont confrontés de multiples façons aux militaires (et à leurs donneurs d’ordre politiques), que ces derniers appartiennent à des opérations de maintien ou d’imposition de la paix onusiens, à des forces armées étatiques – y compris européennes ‑, à des groupes armé s non-étatiques ou qu’ils travaillent pour des sociétés militaires privées (les SMP), dont plusieurs sont basées en Europe.

hummil.jpg Les relations civilo-militaires constituent donc aujourd’hui une problématique d’importance pour les ONG européennes, aussi bien en termes de positionnement politique que de gestion opérationnelle. Dans ce contexte volatile, les ONG ont pour l’instant plutôt manqué de cohérence et de lien auprès des différentes instances de l’Union européenne (UE), pour mener un travail de plaidoyer efficace contre les velléités humanitaires des militaires et des responsables politiques. Depuis 2003, le collectif d’ONG européennes VOICE[1] est pourtant présent sur cette problématique, et la mise en place, en 2007, du « VOICE Working Group on EU civil-military relations » a abouti récemment à un positionnement clarifié -politique et opérationnel – sur cette question.  


[1] VOICE regroupe 85 ONG européennes www.voice.org

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